Il est près de 22h quand le navire Nordstjernen de la compagnie Hurtigruten franchit le 80e parallèle. Passagers et équipage sont réunis sur le pont pour célébrer le moment au champagne. L’air est frais. Le calme absolu. Le blanc des icebergs tranche sur l’indigo de la mer.
Le ciel est turquoise. Au mois d’août, le soleil ne se couche jamais dans cet archipel du nord de la Norvège.
Penchée sur le bastingage, les yeux perdus dans les bleus qui se mêlent, je pense aux premiers explorateurs, venus en Arctique pour chasser la baleine, l’ours polaire, ou pour travailler dans les mines de charbon qui occupent les rives de quelques communautés du Spitzberg.
Cimetière de pêcheurs de baleines
Je me souviens de Magdalenefjord (8km sur 5km) et de sa belle plage de sable sur laquelle s’ébattent des sternes arctiques. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle fut pourtant un cimetière pour les pêcheurs de baleines, qui se faisaient tirer dans le fond par le mammifère harponné.
À l’époque, les cétacés étaient légion. Prisées pour leur graisse, les baleines ont été décimées par des pêcheurs venus d’Angleterre, d’Allemagne et de Norvège, et il ne reste plus aujourd’hui que quelques espèces en petit nombre.