Sur les traces de Lawrence d’Arabie

Le Wadi Rum en Jordanie

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Publié 12/11/2013 par Aurélie Resch

La jeep quitte le bitume pour prendre la piste. Les roues patinent et la voiture s’enlise peu après. Le désert du Wadi Rum, en Jordanie, pose rapidement ses conditions au voyageur. Seuls les plus patients et les persévérants pourront emprunter les chemins du silence. Ceux qui mènent à la sagesse. Ceux que foula Lawrence d’Arabie.

La route qui plonge au cœur des dunes du Wadi Rum est incertaine.

La jeep nous malmène avec rudesse tandis que le soleil poursuit sa course dans le ciel. Les immensités blanches aveuglent et la luminosité est telle que mes lunettes de soleil ne me sont d’aucune aide. Il n’y a personne d’autre. Même pas un oiseau dans le ciel.

Seuls les fous s’aventurent en plein jour dans le désert. Mais j’ai mes raisons. En venant ici, je voulais vivre un peu de la vie des bédouins et mettre mes pas dans ceux des légendes.

Lawrence d’Arabie parcourut le Wadi Rum de long en large durant la grande révolte arabe entre 1916 et 1918. Curieuse, je cherche ce qui l’a tant séduit et qu’il décrit dans son roman Les sept piliers de la sagesse. Le silence invite à la méditation et à la contemplation.

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Hiéroglyphes

Le Wadi Rum est époustouflant de beauté et offre tour à tour des paysages lunaires de poussière et de sable et des formations rocheuses qui ne vont pas sans rappeler celles de du Utah et de l’Arizona.

Abdullah, le bédouin qui m’escorte, arrête la jeep et me propose de l’accompagner au milieu de pyramides en grès. Après quelques efforts de grimpe, j’arrive sur un plateau élevé. À la jonction des rochers, Abdullah me montre des hiéroglyphes. Ils datent de plus de 4 000 ans!

Dans cette immensité encore épargnée des hommes, je trouve ces traces stupéfiantes d’une civilisation nomade. Au milieu du désert, ces dessins de caravanes, d’hommes et de lances me touchent profondément.

Tous ces kilomètres au milieu de nulle part ont parfois été parcourus par des peuples que le silence et la solitude n’effraient pas et qui ont laissé une trace discrète de leur existence à travers les temps.

Une partie de la journée s’écoule tandis que nous nous perdons dans les labyrinthes des canyons et que je photographie des roches aux formes étranges et aux allures impressionnantes.

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Les fameux piliers

Plus tard, ma rencontre avec les tours des Sept piliers de la sagesse (qui inspirèrent Lawrence d’Arabie pour le titre de son roman éponyme) me laissent sans voix.

Cette formation monolithique pourpre qui s’élève au-dessus de nous à quelques 1750 mètres, domine le désert de sa masse imposante. À ses pieds, notre petitesse force au respect et à l’humilité. L’escalader et faire corps avec elle se révèle être l’une des plus belles aventures à vivre dans sa vie.

Un arrêt obligé au «Puits de Lawrence», où l’aventurier et ses hommes venaient abreuver leurs dromadaires, et à la maison de Lawrence dont il ne reste plus grand-chose, juste deux pans rocheux arrimés à la montagne, me donne matière à rêver.

Le soleil descend dans le ciel et le Wadi Rum vire au rouge.

Abdullah me propose un arrêt au «Pont de Burda» et m’enjoint à l’escalader et à traverser le toit de l’arche en pierre. Puis on gravit une dune pour admirer le coucher de soleil sur l’immensité du désert.

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Abdullah s’accroupit et se met à tracer des dessins dans le sable. Ils sont d’une finesse et d’une créativité qui me laissent sans voix. Un art éphémère qui s’efface déjà avec le souffle du soir.

Quelques jours avec les bédouins

Abdullah a accepté d’accéder à ma demande de camper au cœur du Wadi Rum, à un endroit d’où je pourrais voir le soleil se lever sur les pyramides rocheuses qui nous entourent. Entre chien et loup.

Le bédouin gare sa jeep au pied d’une montagne. Je l’aide à préparer un feu. Bientôt il fait nuit. Abdullah jette sur les flammes la viande et les légumes en papillotes que nous a préparés sa femme. Nous mangeons dans le silence.

Nous ne partageons pas la même langue. Nous n’éprouvons pas non plus le besoin de parler. Un regard, un sourire. Il est fier de me faire découvrir sa région. Son désert.

Je lui suis reconnaissante de cette excursion et de ce bivouac au milieu des dunes. Je suis heureuse d’être là. Un thé a la menthe et il s’éloigne pour dormir. Je m’allonge à l’abri de la jeep.

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Le vent se lève la nuit. Je ne fermerai pas l’œil jusqu’au petit matin. Le spectacle que joue le ciel pour moi est de toute beauté et j’emporterai avec moi pour toujours le ballet des étoiles filantes, des avions et des satellites dans un ciel étoilé.

Bien des heures après, le désert sort de sa grisaille et se révèle au monde tandis que le soleil monte à l’horizon et creuse relief sur le sable et la roche.

On range, on «efface nos traces» et on lève le camp. Le temps de rejoindre un camp bédouin pour partager le thé du matin, un yaourt et du pain avant de partir explorer à dos de dromadaire d’autres pistes du Wadi Rum et s’imaginer quelques temps encore faire partie d’un autre temps et d’une autre civilisation. Nomade.

Quelques jours avec les bédouins, à les accompagner dans leur quotidien.

Renseignements

www.voyagesjordanie.com
www.salmatours.com
www.theonejortours.wix.com/site

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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