S’il fait un peu figure d’OVNI dans le petit monde de la chanson franco-ontarienne, il ne faut pas en conclure que Philippe Flahaut ne ressemble à personne d’autre.
Originaire de la banlieue parisienne, l’auteur-compositeur torontois continue de miner ses deux principaux filons – le blues et la chanson d’inspiration tantôt nougaresque, tantôt brassensienne – sur Philippe Flahaut (Autoproduction/Distribution APCM), un troisième CD qui fait suite à Le chien (2002) et Seul avec les autres (2004).
Et comme pour ses précédents albums, cet opus éponyme renferme une poignée de petites perles qui nous rappellent pourquoi Philippe s’est mérité le Trille Or de l’auteur-compositeur de l’année à l’occasion du premier Gala de la chanson franco-ontarienne.
Comme c’est souvent le cas chez lui, c’est dans le registre de la fantaisie – et par un judicieux recours aux métaphores – que Flahaut touche à la quintessence de son art. Avec la mélancolie du pedal steel de Bob Taillefer en toile de fond, Le vent évite les clichés du discours amoureux au profit d’une écriture plus proche de Nelligan («Mais si j’étais le vent/Et que ce soit l’hiver/Yeux dans les yeux/Une vitre, deux univers/Toi au firmament/Moi presque neige/Ouvrirais-tu grand ta fenêtre?»).
Passant de la météorologie à la zoologie, le très funky L’animal dépeint la faune humaine d’un HLM par le biais de métaphores qui laissent entendre ce que La Fontaine aurait pu faire s’il était né trois siècles plus tard, une guitare dans les mains.