Dix jours après la destitution du président Omar el-Béchir, en place depuis 30 ans, la révolution soudanaise connaît de nouvelles tensions suivant la rupture des pourparlers entre l’armée et les organismes civils.
Les chefs populaires ont refusé le 22 avril la demande du Conseil militaire de mettre fin aux manifestations et de lever les barricades. La sociologue Amal Madibbo a participé en décembre à la mobilisation des Soudanais.
Le prix du pain
«Quand le gouvernement a voulu tripler le prix du pain, c’est là que ça a commencé», relate la professeure de l’Université de Calgary. «C’était la fin de la patience. On sentait vraiment qu’on devait mettre un terme au régime. »
Amal Madibbo était de retour au Soudan, comme chaque année, pour enseigner bénévolement dans son pays d’origine. «J’étais à l’Université de Khartoum, on nous a demandé de quitter. On sentait la tension. On savait que quelque chose arrivait. J’étais là le 19 décembre quand les manifs ont débuté.»
«En voyageant dans trois régions du pays, j’ai vu que cette fois la révolution était différente, elle était nationale. On était prêt à renverser le régime: enough is enough! Ce n’était pas seulement urbain mais rural, il y avait des hommes et des femmes, de toutes les classes sociales. La diaspora – environ cinq millions de personnes – était déjà mobilisée. J’étais très heureuse d’être là.»