Laurence, ses deux adolescents de 14 et 15 ans et leur chien, arrivent chez son oncle à Mississauga (Ontario) en juillet 2005. «On est arrivés sans rien d’autre que six sacs d’effets personnels, j’avais tout vendu avant de quitter le Sud de la France et acheté trois billets aller-simple», détaille-t-elle.
«On devait maintenant tout recommencer à partir de zéro avec un bagage émotionnel très lourd à porter», explique la nouvelle Canadienne, qui était alors âgée de 45 ans. «Nous avons vécu chez mon oncle durant une année. Au bout de quelques mois, j’ai déniché un emploi comme représentante bilingue auprès de la clientèle chez Joanne Fabrics, une entreprise de vente de tissus. Cela m’a permis d’acquérir une modeste indépendance financière et de ressentir un petit renouveau de confiance en moi.»
«J’ai dû déployer de grands efforts, sans aucun soutien, afin de me réapproprier ma dignité après l’avoir perdue au bout d’une décennie de harcèlement moral et aussi pour soutenir mes enfants dans leur adaptation à leur nouvel environnement nord-américain.»
«Il m’a fallu aussi faire preuve d’une grande humilité au cœur de cette nouvelle situation de vie où d’une part je ne retrouvais plus le confort de ma bourgeoisie belge et d’autre part ne pouvais utiliser mon diplôme de maitrise en sciences politiques acquis à Louvain. Seules mes compétences langagières m’ont aidée, la connaissance du français et de l’anglais. Je parle aussi l’allemand et le néerlandais», témoigne Laurence.
En 2007, elle obtient un second boulot via l’agence de placement Anne Whitten; cette fois-ci comme conseillère des ventes au siège social canadien de l’entreprise de cosmétiques Mary Kay à Mississauga. «J’y suis restée jusqu’en 2011. Entretemps nous avons quitté mon oncle pour vivre de nos propres ailes. On avait terriblement soif de se retrouver à trois, mes enfants et moi, en toute intimité, de se solidariser face à notre nouvelle expérience canadienne.»