Sur un grand écran dressé sur la scène, des formes floues et bleues palpitent telles un cœur qui bat, s’affolent puis s’apaisent. L’image se précise, des mains aux doigts arachnéens s’enroulent et se déroulent autour des pieds et des orteils du danseur qui se révèle peu à peu en transparence derrière l’écran. Philippe Decouflé nous capture dans la toile artistique de ses doutes intimes et de son spectacle Solo: Le doute qui m’habite qui était présenté du 20 au 24 mars au centre Habourfront.
La scène torontoise attendait avec impatience le nouveau spectacle de cet artiste français passionné par l’expression corporelle et les médias.
Chorégraphe et créateur de renom, Philippe Decouflé s’est fait connaître du grand public par ses créations audacieuses et originales comme La Danse des sabots, spectacle phare de la parade Bleu Blanc Goude sur les Champs Elysées pour le bicentenaire de la Révolution en 1989, l’ouverture et la fermeture de Jeux Olympiques qui se sont tenus en 1992 à Albertville ou encore la cérémonie d’ouverture du 50e anniversaire du Festival de Cannes en 1996. Artiste talentueux et hétéroclite, Philippe Decouflé s’adonne à la danse, au mime, au cinéma, à la publicité et au cirque et explore toutes les formes d’arts possibles et leurs combinaisons pour nous offrir une œuvre personnelle et toujours étonnante.
Avec Solo, il nous revient, seul sur scène, avec un jeu de lentilles et de filtres, une gestuelle et une musique qui facilitent notre dérive vers son monde créatif unique. Une invitation à partager son plaisir et son obsession évidente du corps et de l’espace, éléments malléables et modulables avec lesquels il lui faut composer depuis quarante ans.
Philippe Decouflé sort de l’étroitesse de son enveloppe corporelle et devient le temps d’un jeu d’ombres et de lumières, un oiseau qui s’envole dans l’horizon, une pieuvre évoluant gracieusement en eaux troubles. Les tableaux se succèdent et ses bras et jambes deviennent sourires, vagues, hiéroglyphes, ses doigts des tarentules inquiétantes ou des pinceaux magiques.