Quatre sièges et cinq pupitres attendent les artistes. Mais point de clés de sol ou de doubles-croches à déchiffrer: les partitions sont des didascalies et des répliques. Et point de musiciens en vue, ce sont des comédiens qui montent sur scène, menés par l’enthousiaste Guy Mignault.
À l’occasion du 40e anniversaire du théâtre français, la compagnie a offert au public une soirée un peu spéciale: un pot-pourri de pièces jouées au TfT au fil de ses 40 ans d’existence. Sept de style très différent ont été choisies [parmi plus de 230!], jouées tour à tour par Marie-Hélène Fontaine, Djennie Laguerre, Robert Godin, Dino Gonçalves et Guy Mignault.
Pour cette soirée spéciale, Jean-Claude Duthion, directeur de l’Alliance française, a tenu à souligner la collaboration des deux institutions de la culture francophone à Toronto. Il est lui aussi monté sur les planches pour jouer le rôle de directeur de troupe devant choisir la meilleure pièce parmi les sept jouées.
Mais quel directeur exigeant! Les Bonnes, de Jean Genet? «Trop pesant, trop de haine». L’Architecte et l’empereur d’Assyrie, d’Arrabal? «Trop scabreux». Une tempête, adaptation de Shakespeare par Aimé Césaire? «Trop daté». Art de Yasmina Réza, l’Avare de Molière, Un air de famille d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, La Guerre de Troie n’aura pas lieu, de Jean Giraudoux? «Oui, mais…» Bien sûr, ces hésitations ne sont que prétexte à rejouer quelques extraits de toutes ces pièces, en créant un lien logique entre chacune d’entre elles.