Les «si» règnent dans notre société et régulent notre vie de manière chronique et indubitable. Ils sont le frein à notre liberté de penser et d’action.
Interrogé sur ce qu’il aimerait devenir, l’enfant emploie souvent le «si» comme pour excuser ses choix ou cadrer sa projection dans le futur. «Si j’étais grand, je serais président». «Si j’étais adulte, je serais maîtresse».
Pour l’instant je ne le suis pas, mais «si» (qui équivaut à quand), alors… L’enfant paraît se surprendre lui-même de ses capacités futures et met en garde son environnement sur ce qu’il fera quand cela arrivera.
Le «si» intervient également dans sa façon de se différentier des autres : «Si j’étais parent, je ne gronderais pas» ; «si j’étais premier de la classe, j’aiderais les plus petits». L’enfant marque clairement la différence entre ce qui est et ce qui pourrait être, «si». Une façon de juguler des envies, d’avancer prudemment sur un chemin pavé d’éventuels obstacles ou d’exprimer une frustration de ne pouvoir accomplir ce qu’il aimerait.
«Si tu venais à la maison, on jouerait aux explorateurs». Il y a une projection claire et nette de ce que l’enfant entreprendrait dans le futur. Le «si» n’est pas véritablement restrictif ; il marque une temporalité évidente de changement sur le présent qui s’en vient.