Sexualité et violence au premier degré chez Éric Simard

Éric Simard, Instincts primaires
Éric Simard, Instincts primaires, nouvelles illustrées par Sylvie Raymond, Montréal, Les heures bleues, collection Hors Chemins, 2021, 184 pages, 24,95 $.
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Publié 16/03/2022 par Paul-François Sylvestre

Vous souhaitez plonger dans des univers surprenants et parfois glauques? Instincts primaires d’Éric Simard vous entraîne vers des zones inattendues. Son recueil de cinq nouvelles paraît dans la collection Hors Chemins des Éditions Les heures bleues.

Cette collection rassemble des œuvres littéraires pour adultes. Elle cherche la transgression, la provocation, voire le malaise. Il y a un avertissement au verso du livre: «violence, sexualité, cigarettes». On aurait pu ajouter alcool.

Trois femmes

Les trois premières nouvelles portent le nom d’une femme.

Dans Estelle, le bedeau, peintre à ses heures, fait le portrait de cette jeune institutrice. L’échancrure de sa robe, le galbe du sein et la chair lactescente se révèlent petit à petit. «Vous m’aimez donc?»

Le curé, lui, est plus intéressé par un jeune garçon. La suite vous réserve une surprise de taille…

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Dans Céline, la voix de la jeune femme «se façonne, devient quasi charnelle. L’intonation utilisée, à elle seule, invite à l’œuvre de chair.»

Quant à Sabrina, je m’en voudrais de vendre la mèche, mais je mets en garde ceux qui souffrent de claustrophobie, comme moi.

Sexe et violence

L’avertissement sur la sexualité et la violence est bien mérité. Une femme «peut milker n’importe quel homme en moins de deux minutes». Elle peut montrer de quel bois elle se chauffe…«Je vais faire du feu avec ta petite branche.»

Côté violence, attendez-vous à des salves de gifles sur un popotin bien galbé. Ou à voir un homme mordre le visage du violeur de sa petite amie, lui arracher la peau, lui déchirer les chairs. Sans compter cette femme capable d’arracher un pénis avec ses dents. Des scènes de violence inouïe font souvent lamenter le lecteur.

Sexualité et violence se conjuguent parfois ensemble. «Louis se gave de mirages obscènes et concupiscents. Il se délecte de voluptueuses douleurs de Béatrice.  Plus loin, une femme veut «sentir sa chair frémir, s’enflammer contre les lanières de cuir pour ensuite jouir intensément».

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Musique et chant

Toute cette luxure et toutes ces morsures n’empêchent pas la musique et le chant d’être au rendez-vous. Au fil des pages, on écoute l’adagio en G mineur d’Albinoni, Maria Callas chanter Casta Diva ou Tony Joe White entonner Black and White.

Dans une nouvelle, l’action se déroule à Québec. La rue Saint-Jean est décrite avec moult détails. C’est là que j’ai rencontré l’auteur plus de 20 ans passés, lorsqu’il travaillait à la Librairie Pantoute.

Les intrigues et les œuvres de chair ne mettent jamais en scène deux hommes concupiscents qui bandent l’un pour l’autre. Ce n’est pourtant pas les abdominaux, les pectoraux et un «magnifique petit cul» qui manquaient. C’est la seule ombre au tableau.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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