Secrets dans les brumes d’une lagune

roman
Donna Leon, Les Disparus de la lagune, roman traduit de l’anglais par Gabriella Zimmermann, Paris, Éditions Calmann-Lévy, 2018, 360 pages, 32,95 $.
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Publié 20/01/2019 par Paul-François Sylvestre

Dès qu’on mentionne le nom de Donna Leon, on pense au commissaire Guido Brunetti et à Venise, lieu où se déroule l’action des polars de cette romancière d’origine américaine.

Avec Les Disparus de la lagune, on se déplace légèrement au nord-est de la ville des canaux, où sont dissimulés des secrets scandaleux depuis des décennies.

Une retraite solitaire

Surmené par des dossiers compliqués, le commissaire Brunetti s’offre une retraite solitaire dans une superbe villa de l’île de Sant’Erasmo, loin de sa femme Paola et de son patron.

Il a bien l’intention d’y passer ses journées de juillet à ramer sur la lagune vénitienne, à pêcher le poisson, à le déguster avec un verre de vin local, puis à écouter «le pépiement des oiseaux du marais se préparant à aller dormir, tout comme lui, de ce sommeil sans rêves».

Brunetti apporte des livres de Pline, Hérodote, Suétone et Euripide, «afin d’avoir autant d’auteurs grecs que romains». Il va ramer avec le gardien de la villa, Davide Casati, et pendant cent pages, il ne se passe presque rien. Brunetti admire la lagune, son calme, sa beauté, la grâce des oiseaux. «Et je la regarde mourir.»

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Accident, suicide ou meurtre?

Le titre parle de disparus, au pluriel: poissons, grenouilles, oiseaux, abeilles et… Casati. L’excellent rameur est trouvé noyé dans un des nombreux canaux. Brunetti ne croit pas à un accident survenu lors d’un violent orage. La thèse d’un suicide circule dans les calli, campielli e canali (rues places et canaux).

Bien qu’il soit en congé, le commissaire est le mieux placé pour mener une enquête… qui va s’avérer un panier de crabes.

Il parvient à interroger des anciennes connaissances de Casati. Je ne dis pas des anciens amis, car l’auteure écrit: «Vous, les hommes, n’avez pas d’amis. Vous avez des copains et des collègues, mais très peu d’hommes ont des amis. S’ils en ont, ce sont habituellement des femmes, parfois même leurs femmes.»

Apiculture

Le rameur disparu est apiculteur et cela donne lieu à de longs passages sur les ruches, les reines et le miel.

La romancière cite Pline l’Ancien selon qui «le miel se fait principalement quand Sinus est dans son éclat, jamais avant le lever des Pléiades, au moment de l’aube». Il est même mentionné que des abeilles volent avec de petites pierres en équilibre sur leur dos pour
les empêcher d’être emportées par le vent.

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Sant’Erasmo est une île, «c’est tout petit, et on ne peut pas y garder des secrets». Certains sont très lourds à porter, notamment pour une compagnie chargée de disposer d’énormes barils de déchets pétrochimiques. Dans ce cas, briser un secret peut rouvrir d’anciennes blessures…

Le New York Times Book Review a écrit que ce roman est «l’un des meilleurs opus de la série (Brunetti)». J’en ai lu au moins sept et je n’irais pas aussi loin, bien au contraire. Les cent premières pages sont presque d’un ennui mortel. Heureusement que le rythme s’accélère après la disparition du rameur-apiculteur.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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