La biographie de René Lévesque a déjà été écrite par Pierre Godin, en quatre tomes. Jean Provencher, Peter Desbarats et Graham Fraser y ont ajouté leurs réflexions. C’est maintenant au tour de Daniel Poliquin de tracer un portrait où est distillé ce qu’on sait déjà de cet homme politique. Il le fait à la demande de John Saul et son René Lévesque est dédié à son père, le journaliste Jean-Marc Poliquin.
L’ouvrage est destiné au grand public. Moins de 200 pages. Pas de notes en bas de page. Concision et simplicité à l’ordre du jour. Et le ton adopté est souvent celui du conteur qui s’adresse directement à nous. En voici quelques exemples. «Laissons-les jouer encore un moment, ces enfants de la mer gaspésienne…»
Lorsque Poliquin mentionne qu’un lutteur montréalais sert de garde du corps à Lévesque lors de sa première campagne électorale, il note que c’est «de la vraie lutte, ça. Écoliers et enfants de chœur s’abstenir.»
Puis, lorsqu’il est question d’indépendance des peuples ailleurs dans le monde, il ajoute: «Eh ben, pourquoi pas icitte itou, hein?» Plus loin, en parlant de souveraineté-association, Poliquin mentionne le refus de Bourassa d’adhérer au Mouvement Souveraineté-Association et écrit qu’«on ne peut pas partir et rester en même temps, avoir le cochon à la soue et le porc dans l’assiette.» Style on ne peut plus savoureux.
Poliquin brosse un portrait très réaliste de Lévesque: un homme qui fume comme une cheminée, qui court les filles, qui joue aux cartes des nuits durant, un homme brouillon, désorganisé, qui néglige sa tenue vestimentaire. Un homme qui a aussi un rare talent, celui d’avoir excellé dans l’art d’encapsuler sa pensée en quelques mots que les Québécois et Québécoises retenaient et répétaient aisément.