Raymond Gouin est né en 1953 à Eastview, devenue Vanier et maintenant quartier francophone d’Ottawa. Très impliqué dans sa communauté, cet avocat est membre du conseil d’administration de la Fondation de l’Hôpital Montfort. Il se décrit comme un fan inconditionnel des Canadiens de Montréal et ce fier sentiment d’appartenance se ressent dans la trame de son premier roman, Justice sans appel à Eastview.
Nous sommes au milieu des années 1960 et l’emprise de l’Église catholique est encore puissante dans la petite ville francophone d’Eastview, surtout auprès des gens pauvres. Ces derniers vont tous à la messe dominicale et plongent leurs doigts dans le bénitier pour ensuite exécuter le signe de la croix. «Se mettre de l’eau sur le front pouvait tout aussi bien signifier que le lavage de cerveau commençait», écrit l’auteur.
L’action de Justice sans appel à Eastview se passe en 1965. Tout commence le 15 février, jour ou le Canada arbore son nouveau drapeau unifolié. Eastview est majoritairement francophone, tout en étant respectueux de la diversité ethnique. C’est un endroit où chacun traîne son bagage culturel : «les O’Leary, les Guimond, les Malouf et les Imbro, sans oublier les Pilon qui ne parlent pas le français et le vieux Boyle qui baragouine à peine l’anglais. Eastview est «une communauté distincte de par sa non-spécificité.»
L’intrigue romanesque se situe à deux niveaux qui finiront par se croiser. Il y a d’abord le sort d’une famille dont le père vient de mourir. Il laisse sa femme et ses deux enfants dans le besoin. Pour survivre, la veuve devient la ménagère des pères montfortains qui dirigent la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes. L’intrigue tourne aussi autour du célèbre criminel Lucien Rivard qui trafique de l’héroïne aux toxicomanes. Le romancier fait un lien avec la religion et écrit que l’Église catholique, elle, «trafiquait les bienfaisances spirituelles aux habitués de la Parole».