Roman fleuve sur la liberté de gâcher sa vie

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Publié 13/12/2011 par Paul-François Sylvestre

Je vous ai déjà parlé de Jonathan Franzen, auteur du best-seller Les Corrections. Presque dix ans plus tard, il récidive avec Freedom, «un chef-d’œuvre de la littérature américaine» selon The New York Times Book Review. Franzen croit que c’est dans le genre romanesque que «les histoires ont de la place pour se déployer, les personnages le temps d’évoluer, et qu’il est possible de multiplier les points de vue qui ne sont pas superficiels, mais ancrés dans les différents personnages. J’aime donc les romans d’une certaine envergure.» Ce nouvel ouvrage en a puisqu’il compte 720 pages!


Publié en septembre 2010, Freedom a valu à son auteur la une du magazine Time. Avant d’être traduit en français, le roman s’était déjà vendu à plus d’un million d’exemplaires aux États-Unis seulement.


Un critique belge, Guy Duplat, a déploré l’abord un peu revêche du livre et sa traduction parfois hésitante, sans parler des longueurs irritantes. Je partage son opinion.


Jonathan Franzen a mis neuf ans pour écrire cette saga d’une famille moyenne du Minnesota, les Berglund. Patty, Walter et leurs rejetons, Jessica et Joey, sont examinés sous toutes les coutures, surtout celles qui créent des tensions. Cela ne saurait nous surprendre car, en réponse à une question du correspondant de Libération à New York, Fabrice Rousselot, qui lui demandait de décrire ses sources d’inspiration, Franzen a répondu: «Je m’intéresse aux aspects conflictuels de l’existence.»


Dans Freedom, les personnages évoluent de manière à démontrer qu’«il est difficile de prétendre que la liberté, du moins comme elle est conçue aux États-Unis, amène au bonheur».


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Libéré des carcans de la morale traditionnelle, de la religion, des soucis d’argent, chaque personnage est libre de se réaliser pleinement… ou de gâcher sa vie.


C’est avec une éblouissante virtuosité et un humour dévastateur que Jonathan Franzen nous livre un portrait au vitriol de la société occidentale contemporaine, où l’écologie tient lieu de conscience, où la vertu s’appelle épanouissement personnel et où les seules valeurs spirituelles qui aient encore cours se résument par sex, drugs and rock ’n roll.


Dans une entrevue accordée au Globe and Mail en août 2010, l’auteur indiquait que le but premier d’un roman consiste à «forger une profonde connexion entre l’auteur et le lecteur».


Le genre romanesque ne doit pas servir à se vider le cœur. «Si une question me dérange, je vais faire du journalisme pour dire ce que je pense, pas un roman.


Freedom est un roman fleuve sur la vie contemporaine (nord-américaine), la famille et le couple. L’éditeur note que c’est en mêlant le comique et le tragique que Franzen révèle la séduction et les pièges de la liberté: l’ivresse du désir adolescent, les compromis bancals du mitan de la vie et les dommages collatéraux de l’étalement urbain.


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En suivant ses personnages aux prises avec un monde de plus en plus complexe, l’auteur nous invite à un feu d’artifice littéraire.


C’est pourquoi le New York Times Book Review a écrit que «Freedom nous éclaire, grâce à l’éclatante intelligence de son auteur, sur le monde que l’on croyait connaître.»


Jonathan Franzen, Freedom, roman traduit de l’anglais par Anne Wicke, Montréal, Éditions du Boréal, 2011, 720 pages, 34,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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