L’Uruguayen Mario Benedetti (1920-2009) est considéré comme un ténor de la littérature latino-américaine: 80 livres traduits en 25 langues. Qui de nous peut juger, écrit en 1953, est son premier roman, mais une version publiée en France demeure récente. La critique parle d’une «petite merveille», d’un «chef-d’œuvre comme on en fait peu».
Mario Benedetti nous offre un roman à trois voix sur le triangle amoureux. Miguel et Alicia sont mariés et parents de deux enfants, mais l’ami Lucas est toujours dans le portrait, dans l’ombre. Chacun raconte sa version du ménage à trois et de la rupture qui s’ensuit.
On a droit à trois styles littéraires. Miguel choisit le journal intime. Alicia s’exprime à travers une lettre au mari qu’elle quitte. Lucas écrit une nouvelle à la troisième personne, changeant le nom de tous les protagonistes.
Miguel occupe une moitié du roman et se plaint de ne pas être ce qu’il aurait pu être. Il considère «être la plus sincère des personnes banales». Et il n’est pas gêné de se trouver idiot.
À son avis, la simple attirance sexuelle modifie le véritable amour. Lui et Alicia ne s’aiment pas, «ils ont besoin l’un de l’autre, un point c’est tout».