Roger Vivier, orfèvre des souliers

Au Musée Bata

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Publié 15/05/2012 par Nourhane Bouznif

Perles, satin, plumes, fourrure… Les souliers créés par Roger Vivier sont de véritables petits bijoux. Le designer français a notamment œuvré pour Christian Dior, habillant les pieds des femmes de somptueux escarpins. Jusqu’au 7 avril 2013, le Musée de la chaussure Bata, à Toronto, rend hommage à celui qu’on surnomma le «Fabergé de la chaussure».

Roger Vivier est un des créateurs les plus importants du 20e siècle, selon Elizabeth Semmelhack, curatrice de l’exposition «Roger Vivier, Proccess to Perfection».

«On l’associe aux stilettos et aux talons très hauts, explique la curatrice, mais il a aussi créé des petits talons dans les années 60». Le designer aura certainement marqué son siècle, mais aussi l’histoire de la chaussure pour femme, avec des innovations et des créations originales et élégantes.

De la sculpture aux chaussures

D’abord étudiant en sculpture aux Beaux Arts de Paris au milieu des années 20, Roger Vivier se voit proposer une place dans une usine de chaussures par un ami de la famille.

Dès le début des années 30, il chausse des célébrités comme Mistinguett et Josephine Baker et dessine des chaussures pour différentes maisons, dont Delman, Bally ou Laborémus.

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La Seconde Guerre mondiale l’oblige à stopper ses activités. Après une brève période à l’armée, Vivier quitte la France pour les États-Unis en 1941. Pendant le voyage, il fait la rencontre de la modiste Suzanne Rémy avec qui il commence à créer des chapeaux. Leur succès est tel qu’ils ouvrent une boutique sur Madison Avenue.

À la fin de la guerre, Roger Vivier décide néanmoins de retourner à Paris pour continuer le design de chaussures.

Il rencontre Christian Dior pour la première fois dans la capitale française, lors d’une soirée. Vivier ayant passé un contrat d’exclusivité avec Herman Delman, il ne peut guère créer de chaussures pour d’autres. Il propose alors ses services de chapelier à Dior.

Mais le couturier n’est pas convaincu et aimerait que Vivier rejoigne son équipe de designers de chaussures. Christian Dior signe un contrat de cinq ans avec Herman Delman en 1953.

Pendant deux ans, les chaussures créées par Vivier porteront les noms de Delman et de Christian Dior, comme on peut le constater sur quelques paires d’escarpins exposées au musée. Le nom de Vivier apparaîtra à côté de celui de Dior dès 1955, un honneur que le couturier n’avait jamais fait à personne.

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Plus tard, Vivier ouvre sa propre boutique et concevra les chaussures des collections de couturiers comme Guy Laroche, Pierre Balmain et Madame Grès. En travaillant pour Yves Saint Laurent, il initie deux styles de chaussures aujourd’hui célèbres: des cuissardes et des chaussures à boucle à petit talon. Ses bottes en vinyle ont notamment été portées par Brigitte Bardot sur sa Harley Davidson.

Des talons originaux

Elizabeth Semmelhack a conçu une exposition en deux parties. Le visiteur commence tout d’abord par les premières créations de Vivier et le début de son travail pour Dior. «Je sens qu’il y avait une bonne synergie entre les deux designers», commente la curatrice.

Plusieurs paires de souliers sont accompagnées des croquis préparatoires, acquis par le musée. «Vivier était fasciné par les différents types de talon et certaines de ses créations les plus influentes inclues des talons innovants, comme sa redéfinition du talon aiguille, le talon choc et son iconique talon virgule», explique Elizabeth Semmelhack. Des talons tout à fait originaux et surprenants.

Vivier créera entre autres les Belles de jour, des escarpins à boucle portés par Catherine Deneuve dans le film éponyme. Ce sont ses chaussures les plus connues et les plus reproduites à ce jour, ajoute la curatrice.

Galerie de souliers

La seconde partie de l’exposition dévoile une douzaine de paires de souliers, dont certaines semblent tout droit sorties de contes de fées.

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«Vivier privilégiait plus la beauté et l’architecture que le confort », admet la curatrice. « Une des choses pour laquelle il était célèbre, c’étaient les ornements. Pour moi, toutes ces décorations viennent de l’époque où il était chapelier», ajoute-t-elle.

Les chaussures sont présentées sous verre, à la manière de joyaux dans une bijouterie. Le créateur osait les couleurs et les matières, comme le satin, la fausse fourrure, les pierres, sequins et autres strass, toujours avec un souci d’esthétisme et d’élégance. La collection de souliers présentée dans cette galerie sera renouvelée tous les trois mois, permettant aux visiteurs de découvrir d’autres créations du designer.

Malgré la mort de Roger Vivier en 1998, sa marque continue d’exister, avec plusieurs boutiques à travers le monde.

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