Robert Major : parcours franco-ontarien d’une «tête bien faite»

Robert Major, Identité, appartenances, Un parcours franco-ontarien
Robert Major, Identité, appartenances, Un parcours franco-ontarien, essai, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2023, 130 pages, 21,95 $.
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Publié 17/01/2024 par Paul-François Sylvestre

Franco-Ontarien de naissance, Québécois d’élection, Robert Major a toujours travaillé à Ottawa. Il partage son cheminement dans Identité, appartenances, un essai que j’ai pleinement savouré parce qu’il faisait souvent écho à mon propre parcours.

Dès les premières pages, l’auteur souligne que toute vie humaine contient des pépites ou des filons, «d’où notre intérêt pour le récit de vie». À la fin de l’ouvrage, il précise que son essai est mi-autobiographie, mi-mémoriel, mi-historique et mi-réflexif. Cela fait plusieurs demis et rend le texte d’autant plus percutant.

Lauréat du Concours de français

Originaire de New Liskeard, sur les bords du lac Témiscamingue, Robert Major est né le 22 mars 1946. Il a grandi, comme moi, avec Gene Autry, Hopalong Cassidy, Roy Rogers, Laurel and Hardy, Three Stooges et Perry Como.

Son premier lieu d’appartenance demeure néanmoins l’Ontario français, «à son corps défendant». C’est à l’âge de 16 ans qu’il découvre vraiment sa fibre identitaire en participant au célèbre Concours de français et en devenant le lauréat provincial au niveau secondaire en 1962.

Au sujet de cette compétition, LE concours par excellence, il écrit qu’on fêtait «la survie et la vitalité de langue française, sa vigueur sans cesse renouvelée, gage d’une pérennité problématique mais ardemment souhaitée».

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Cours classique

Comme lauréat, Robert Major reçoit une bourse pour quatre années de cours classique au Petit Séminaire d’Ottawa. Il se dirige ensuite vers l’Université d’Ottawa et y passe quarante-cinq ans, d’abord comme étudiant aux études supérieures, puis comme professeur et gestionnaire.

À ses yeux et avec un brin de nostalgie, le cours classique était un univers de lectures, de réflexions et d’émulation d’une grande intensité, C’était une formation générale pour une «tête bien faite».

L’auteur et moi avons fréquenté la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa à la même époque, lorsque le père Joseph-Marie Quirion était doyen, lorsque le père Roger Guindon était recteur. L’institution se voulait alors «francophone sans ambiguïté aucune». On n’y enseignait cependant pas encore la littérature québécoise, encore moins la littérature ontaroise.

Pessimiste sur l’UOF

Produit et cadre de l’Université d’Ottawa, Major en fait l’éloge, bien entendu. Il ouvre une longue parenthèse au sujet de l’Université de l’Ontario français (UOF), qui ne lui «semble aucunement répondre aux besoins de la collectivité et dont les chances de succès sont pour le moins douteuses».

Il estime que l’UOF demeure «une université bancale, créée de toutes pièces, sans orientation précise et dans le scepticisme le plus total des observateurs, sauf pour un petit groupe d’idéologues».

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Il va même jusqu’à parler d’un «château en Espagne» qui attire présentement qu’un petit nombre d’étudiants étrangers et quasi aucun élève franco-ontarien. «Ce château inhabité risque de devenir coquille vide ou ruine, à courte échéance.»

Retour du «Canada français»?

La conclusion de ce court essai de 130 pages souligne comment on assiste désormais à un retour de la désignation de «Canada français».

Autrefois honni comme étendard ethnique, le concept de Canada français est toujours là. «Il faudrait peut-être prendre acte de son potentiel si on veut sortir de la déprime nationaliste actuelle et du découragement occasionné par chaque nouveau recensement de Statistique Canada.»

Je signale, en terminant, que cet essai est truffé de nombreuses références à des écrivains de diverses époques. Cela va de Montaigne à Lionel Groulx, en passant par Laurence Sterne (18e siècle), François-Xavier Prieur et Tocqueville (19e siècle), Jean Genet, Gérald Godin, Antoine Gérin-Lajoie, Gérard Bessette, Paul Chamberland, Cornelius Jaenen et Roger Bernard, entre autres.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

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