Je ne connaissais pas le Kindertransport avant de lire Revenir à Berlin, de Jonathan Lichtenstein, un récit autobiographique où les démons du passé sont affrontés de manière singulière, édifiante et poignante.
Le Kindertransport (transport d’enfants) est le nom de l’opération humanitaire grâce à laquelle environ 10 000 jeunes réfugiés, juifs pour la plupart, partirent de l’Allemagne, de la Pologne, de l’Autriche, des Pays-Bas et de la Tchécoslovaquie pour la Grande-Bretagne entre 1938 et 1940.
L’un d’eux à bord du dernier convoi a douze ans et fait le voyage seul. Il s’agit du père de l’auteur, Hans Lichtenstein.
Le voyage inverse, vers Berlin
À l’aube de ses 80 ans, Hans indique à son fils le désir de faire le voyage inverse, de retourner à Berlin. Ils partent en 2010 pour un voyage qui débouche sur la conversation qui leur a manqué toute leur vie. Jusqu’à ce moment-là, ils en étaient incapables.
Le récit illustre la façade que le père a mis tant de soin à édifier, «qui pourrait s’écrouler et révéler ce qu’il a en lui». C’est une terreur transportée au plus profond de lui-même. Les souvenirs affluent et encerclent Hans, «telle une violente bourrasque. Ils se glissent en lui, le transpercent.»