Réponses à quelques questions

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Publié 06/06/2006 par Martin Francoeur

Ma saison s’achève. Vous le savez peut-être déjà, mais on a l’habitude de prendre une petite pause pendant l’été. Histoire de mieux revenir en septembre avec plein d’idées de sujets. L’été est souvent une saison propice pour l’inspiration et on a encore plus de plaisir à se retrouver après un petit congé de deux mois.

Rassurez-vous, il nous reste encore trois rendez-vous, dont celui-ci, avant de prendre la pause estivale. Mais avant d’oublier de le faire, j’ai décidé de répondre à quelques questions qui m’ont été posées par vous, chers lecteurs.

Le courriel étant un mode de communication facile et rapide entre vous et moi, j’ai déjà répondu à la plupart des questions et commentaires par le biais de messages individuels. Mais il y avait dans certaines de vos interrogations un intérêt qui dépasse la correspondance privée.

Une lectrice me demandait s’il était approprié, dans l’épellation de l’adresse d’un site Internet, d’utiliser le mot anglais «slash» pour décrire la barre oblique qui sépare certains éléments de l’adresse. Malheureusement, ce n’est pas correct d’avoir recours à ce terme.

Le français n’a pas de raccourci aussi efficace que «slash», mais il a au moins l’avantage d’avoir un terme qui désigne parfaitement la réalité dont il est ici question. Le plus fréquemment, on appelle ce signe «barre oblique», tout simplement. Certains autres termes sont acceptés, mais se font plus rares: «barre transversale», «trait oblique», «barre de fraction» ou «barre inclinée» en sont quelques exemples.

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Cette fameuse «barre oblique» est principalement employée comme signe de division, de séparation ou d’opposition. Plutôt rare dans les textes soutenus, on a ressuscité son emploi grâce au développement d’Internet.

L’Office québécois de la langue française nous dit que la barre oblique est souvent utilisée de manière abusive. Notons que la forme «et/ou» peut généralement être remplacée par l’une ou l’autre des deux conjonctions.

Une autre lectrice de Toronto, qui est aussi une téléspectatrice assidue de la télévision francophone en provenance du Québec, me demandait si l’emploi de l’expression «bon matin» était correcte. Pas encore. Du moins, pas officiellement.

Même si on entend de plus en plus souvent cette forme de salutation, particulièrement dans les émissions du matin, le conseiller linguistique de Radio-Canada, Guy Bertrand, désapprouve son emploi. Il s’agit en fait d’un calque de l’anglais «good morning», que l’on ne retrouve pas nécessairement en français. Chez nous, il suffit de dire «bonjour», «bonsoir» ou «bonne journée» et «bonne soirée». Mais le surdécoupage de la journée n’est pas dans nos mœurs linguistiques…

Enfin, un lecteur me demandait s’il y avait une différence entre «censé» et «sensé ». Il est vrai que ce sont là deux homophones qui causent bien des maux de tête. «Censé» vient de l’ancien verbe «censer», qui avait le même sens que «juger». Aujourd’hui, «censé» signifie «supposé».

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Quant à «sensé», c’est un adjectif qui dérive de sens et qui désigne «celui qui a du bon sens» ou «ce qui est conforme au bon sens».

Pour bien les distinguer, il suffit de les remplacer par des synonymes qui leur convient. Pour «censé», on peut utiliser «supposé». Pour «sensé», on peut utiliser «raisonnable». Ainsi, si on se demande comment s’écrit «censé» dans la phrase : « J’étais censé la rejoindre vers 20 heures», on peut aussi bien dire: «J’étais supposé la rejoindre vers 20 heures». La phrase: «Nul n’est censé ignorer la loi» peut devenir: «Nul n’est supposé ignorer la loi».

En fait, «censé» est généralement suivi d’un autre verbe à l’infinitif. Quant à «sensé», il n’est généralement pas très loin d’un nom auquel il se rapporte: «un homme sensé», «une action sensée», etc.

Voilà. Le truc des synonymes pour se tirer d’une situation embarrassante provoquée par la présence d’homophones est intemporel et toujours efficace. Il nous aide souvent à trouver la bonne façon d’écrire le mot en question. À condition bien sûr de retenir à quelle graphie le synonyme se rapporte!

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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