Rendre le français aussi sexy que le catalan ou le gaélique?

Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique

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À Grande Prairie, Alberta, la semaine dernière: Marie-Ève Lord, directrice générale du Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean Port Joli; Élise Bégin, chargée de projet du RVFFA; Adam Ziel, trésorier du projet Quartier francophone d’Edmonton; Joris Desmares-Decaux, coordonnateur de Francopreneurs. (Photo: Vincent Tremblay, Centre de la francophonie des Amériques)
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Publié 14/09/2018 par André Magny

Pour sa quatrième rencontre annuelle, le Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique avait choisi de s’arrêter à Grande Prairie, en Alberta, du 5 au 7 septembre. Une démarche parfois faite de petits pas devant néanmoins aboutir, entre autres, à des parcours touristiques basés sur la francophonie.

Plus de 130 personnes, dont un bon nombre de maires de villes albertaines, étaient réunies autour du thème Promouvoir la culture francophone au sein de nos communautés anglophones.

Beau thème, mais concrètement, comment ça se réalise? Comment faire en sorte que le français soit perçu comme un outil attrayant pour le développement économique et culturel des communautés francophones?

Routes touristiques

Les divers ateliers, conférences et spectacle programmés au cours des trois jours de la rencontre ont mis en lumière diverses tentatives pour rendre le français sexy.

Si certaines langues comme le catalan, le gaélique ou le wallon sont mises de l’avant au sein de leur communauté, comme le rappelait en conférence d’ouverture Paul Arseneault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat et directeur du Réseau de veille en tourisme, pourquoi en serait-il différent pour le français?

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Le conférencier québécois rappelait à son auditoire que des routes touristiques axées sur le patrimoine culinaire, viticole, linguistique et même religieux étaient tout à fait envisageables en Amérique. C’est le cas de la Route de Champlain en cours de développement en Ontario.

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Le maire de Québec, Régis Labeaume (à droite) avec des homologues du Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique réunis à Grande Prairie, Alberta. (Photo: Vincent Tremblay)

Applications mobiles

Pour peu qu’on sache mettre à contribution les nouvelles technologies comme les applications mobiles rejoignant ainsi directement les touristes.

À cet égard, Marie-Ève Lord, directrice générale adjointe et conservatrice du Musée de la mémoire vivante, situé à Saint-Jean-Port-Joli, dans le Bas-Saint-Laurent, mentionne que les nouvelles technologies donnent accès à de nombreuses possibilités de projets.

La représentante du Musée rappelle que, grâce au numérique, le Musée de la mémoire vivante peut offrir et conserver plus de 2600 témoignages tant audio que sur vidéos.

Un savoir-faire qu’elle est venue partager en Alberta avec des représentants du réseau scolaire ainsi que des sociétés historiques puisque le Musée, qui fête ses 10 ans et qui est axé sur la personne, offre ses services pour la collecte de récits et de témoignages.

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Le français rentable

Coordonnateur de Francopreneurs, au sein du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA), Joris Desmares-Decaux estime que d’un point de vue économique, le français est rentable, en donnant pour exemple les économusées.

Mais ce n’est pas tout. Selon lui, il faut que des entreprises étrangères puissent se rendre compte qu’il n’y a pas qu’au Québec où le fait français existe.

«La dualité linguistique du Canada peut être un plus pour des entreprises françaises voulant s’installer dans l’Ouest», assure celui qui croit en l’entrepreneuriat social et qui a vu Grande Prairie être le lieu où le CDÉA a signé un partenariat de trois ans avec le Réseau.

Denis Desgagné, du Centre de la francophonie des Amériques.

Du foot au bison

Même le foot peut être un vecteur de francisation! Amateur du ballon rond, M. Desmares-Decaux a créé il y a 3 ans le Calgary Olympic FC, le premier club de football bilingue en Alberta. La dimension bilingue du club permet non seulement aux francophones de se retrouver, mais également à des parents anglophones de faire jouer leurs enfants au foot en français.

De son côté, Josée Bourgoin, consultante en terroir, et ancienne productrice de bisons en Saskatchewan avec son mari Michel Dubé, est d’avis que l’identité francophone peut passer par la valorisation du patrimoine agroalimentaire.

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C’est le message qu’elle a voulu partager lors de la rencontre du Réseau. Si celui-ci en est encore à une phase de sensibilisation selon la consultante, celle-ci croit qu’un outil comme le Réseau avec la mise sur pied éventuelle de circuits agrotouristiques pourrait, non seulement amener des touristes, mais aussi «réduire l’exode» des jeunes vers les villes.

Agriculture identitaire

Même si cela n’est pas encore très courant en Saskatchewan, les jeunes agriculteurs auraient tout intérêt à transformer certains de leurs produits. Il y va d’une valeur ajoutée non seulement pour le produit, mais également pour l’aspect identitaire selon Josée Bourgoin.

Cela n’est pas sans rappeler ce que pense l’anthropologue franco-colombien Michel Bouchard, présent aussi à Grande Prairie. «D’un point de vue anthropologique, la langue a besoin de structures. Un événement comme le Réseau crée une certaine fierté.» Celui qui enseigne à l’Université du Nord de la Colombie-Britannique pense que «là où il y a de la volonté, il y a de l’intérêt.»

À en croire les différents intervenants et l’écoute qu’ils ont reçue en Alberta, le Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique semble répondre à ce besoin.

Créé par Québec, Moncton et Lafayette

Créé en 2015 à l’initiative des villes de Québec, Moncton et Lafayette, le Réseau des villes francophones et francophiles comptait à l’origine une centaine de villes membres. Il dépasse maintenant les 150 réparties essentiellement en Amérique du Nord, avec de petites incursions en Haïti, Martinique et Guadeloupe.

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De plus, le Réseau compte comme partenaire privilégié et dynamique, le Centre de la francophonie des Amériques.

La mission du Réseau: imaginer et développer des projets collaboratifs, établir des partenariats et tisser des liens qui amplifient le développement touristique, économique, linguistique et culturel des villes membres du Réseau et renforcent la vitalité des communautés de la francophonie tout en préservant leurs héritages communs.

Parmi les résultats concrets de ces trois jours: une entente a été signée avec l’Association bilingue des maires de l’Alberta (ABMA) et le Centre de la Francophonie des Amériques pour collaborer au Réseau des villes francophones et servir de lien de contacts avec les villes de l’ouest du pays qui se lieront au Réseau.

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Spectacle franco-albertain présenté dans le cadre de la rencontre annuele du Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique à Grande Prairie. (Photo: Vincent Tremblay, Centre de la francophonie des Amériques)

Auteur

  • André Magny

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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