Rendez-vous photographique avec les enfants du Kenya

À la galerie de l'AFT

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Publié 13/05/2014 par Magalie Homo

Jordan Campbell, un jeune photographe basé à Toronto, fraîchement revenu d’Afrique, nous offre à l’occasion du Festival Contact une exposition touchante à taille humaine dans les locaux de l’Alliance française de Toronto: SHERP, longues errances dans le nord du Kenya.

SHERP est le nom d’une organisation locale lancée à l’initiative de Grace Senia, qui tient lieu, à la fois, de maison, de communauté, d’orphelinat et de dortoir pour des enfants handicapés.

Jordan est allé à la rencontre de ces jeunes Kényans, une première fois en 2006 et récemment en 2013-2014.

C’est une aventure qui l’a profondément marqué. «C’est un moment qui a changé ma vie et qui m’a marqué de différentes manières. Je suis devenu ami avec quelques enfants, surtout les garçons. Je me suis lié d’amitié avec les filles aussi, mais à cause du handicap et d’un encadrement assez réduit, j’ai trouvé ça plus sûr de travailler avec les garçons.»

Au-delà du handicap

Les enfants sont photographiés dans leur quotidien et sont d’un naturel incroyable. C’était la volonté de l’artiste, se plonger au cœur de leur vie, jouer, rigoler, partager… malgré le handicap.

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Le handicap, c’est une chose qui rythme la vie de ces jeunes pourtant le photographe a décidé d’en faire abstraction afin de porter un autre regard. «Je ne me focalise pas sur le handicap. C’est très intentionnel de ma part, parce que quand tu arrives c’est très simple de photographier un handicap, c’est très simple de photographier des images évocatives de la nature parce qu’il y a un fossé énorme qui nous sépare, un fossé rempli de différences de privilèges… J’ai décidé de connaître les enfants, de vivre avec eux, de voir à quels moments ils se présentent tels qu’ils sont, au delà de la première impression. Ces moments-là sont plus compliqués à saisir, ils sont plus confidentiels, plus profonds».

Échec et mat

Au milieux des photographies, un jeu d’échecs. Le damier fait en carton est orné sur certains angles de petites piques. En guise de pions, des capsules de bouteilles diverses et variées récoltées sur la route, dans les rues, «certaines sont encore pleines de saleté», précise Jordan.

Il invite tout le monde à venir jouer et surtout à jouer sans se faire piquer par ces espèces de ronces plantées dans l’échiquier.

Cette installation n’est pas là de manière anodine. C’est un jeu auquel il jouait beaucoup avec les enfants parce que jouer va au delà de la barrière des langues. Un moyen de s’amuser, de rire tous ensemble.

Les piquants représentent les buissons dont le paysage kenyan regorge. Les gens s’en servent d’ailleurs pour délimiter les zones d’habitation, par exemple.

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Ces broussailles font surface dans certaines photographies, elles font partie de la vie de ces jeunes. «Je pense que les enfants naviguent dans un désert parsemé de buissons épineux comme ça, ils doivent trouver leur voix et éviter les embûches. C’est une représentation métaphorique de la vie de ces enfants au Kenya.»

Philosophie

Il va sans dire que Jordan Campbell n’était pas là en touriste. Cette série de photographies découle de sa participation active et de son aide au sein de la communauté et s’inspire de l’esprit d’Ubuntu, une philosophie et un axiome d’origine zulu qui repose sur la maxime «je suis parce que nous sommes».

À ne pas confondre avec les préceptes du cogito ergo sum cartésien.

L’Ubuntu est une philosophie de vie basée sur l’interconnectivité humaine et appelle à l’interdépendance plutôt qu’à l’individualisme. «Les enfants handicapés sont souvent rejetés par leur famille, leur communauté, ils ont besoin l’un de l’autre. La solidarité est très présente dans mes photos.»

Plongez au cœur du SHERP, traversez le monde, partez à la rencontre de ces enfants kényans à travers une exposition, ou plutôt un véritable reportage photojournalistique.

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