Rabindranath Tagore: penseur, philosophe, poète, artiste

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Publié 03/05/2011 par Gabriel Racle

En cette année 2011, on célèbre un peu partout et surtout en Inde, le 150e anniversaire de la naissance de Rabindranath Tagore, le 7 mai 1861 à Calcutta. Et à sa naissance, son père fit une surprenante déclaration: «Il s’appellera Robindra, le soleil. Comme lui, il ira par le monde et le monde sera illuminé.»

Une famille aisée et ouverte

La famille Tagore, de la caste des brahmanes, était riche et prospérait dans les affaires et la banque. Le grand-père du garçon, le plus jeune des 14 enfants survivants, vivait luxueusement et voyageait en Europe, contrevenant ainsi à l’interdit religieux hindou de l’époque. Il appuyait les efforts de réforme de la société hindoue du réformateur Rammohan Roy.

Le père de Rabindranath adhérait aussi à ce mouvement réformateur. Tout en étant profondément hindoue, la famille Tagore favorisait financièrement l’introduction en Inde d’un enseignement de type occidental, en particulier celui des sciences et de la médecine.

Dès son plus jeune âge, Rabindranath est entouré d’artistes. Ses frères et sœurs sont musiciens, poètes, écrivains, dramaturges. Le Bengale, où se trouve Calcutta, capitale des Indes britanniques, est en grande évolution. Des écoles s’ouvrent dans lesquelles on enseigne en anglais et aussi en bengali. Rabindranath fréquente l’une de ces écoles et, comme il le dit lui-même, y acquiert son amour de la langue et de la littérature bengalis.

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«Vers l’âge de quatorze ans, il abandonna progressivement la scolarité de type formel et poursuivit ses études chez lui, travaillant seul ou avec l’aide de précepteurs dans différentes disciplines; il eut aussi des professeurs de lutte, de musique et de dessin. La forme que prirent ses premières années d’études devait laisser en lui une marque profonde», comme il l’explique dans My School (1917).

Tradition et innovation

Toute la vie de Rabindranath est marquée par ces deux notions qui, chez lui, n’ont rien de contradictoire. Dès l’âge de 11 ans, après le traditionnel rite de passage de l’Upanayanam, l’imposition du cordon brahmanique, Rabindranath et son père voyagent en Inde, en particulier au pied de l’Himalaya. Le père lui enseigne le sanscrit, l’astronomie, et les Écritures. Ensuite, le fils vagabonde dans la nature, la montagne, les forêts et étudie les poèmes classiques.

Il compose plusieurs poèmes et une nouvelle en bengali, la première, La gueuse. Il a 17 ans lorsque son père l’envoie étudier à Londres. Mais il ne termine pas ses études de droit et rentre chez lui au bout de 18 mois. Il poursuit seul ses études et exerce ses talents d’écrivain et de musicien. Il publie en bengali un recueil de poèmes, Sandhya Sangeet (Chants du soir), puis son célèbre poème Nirjharer Swapna Bhanga (Le réveil de la source). À 22 ans, il se marie.

Tagore poursuit son œuvre littéraire, mais passe de l’imagination à la réalité Il commence à administrer les propriétés familiales et il est frappé par la misère économique, sociale et politique des paysans: «Nos prétendues classes responsables vivent dans l’aisance parce que l’homme ordinaire n’a pas encore compris sa situation. Voilà pourquoi le propriétaire le bat, le prêteur sur gages le tient à la gorge, le contremaître le maltraite, l’agent de police l’escroque, le prêtre l’exploite et le magistrat lui fait les poches.» (Social Work)

Éducation et littérature

Pour Tagore, la seule façon de changer cette situation, c’est l’éducation qui permettrait de créer une société rurale autonome, qui prendrait ses propres décisions et son rythme de développement. Il est donc en faveur des initiatives locales, de gouvernements locaux, de coopératives, d’écoles.

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Il crée d’abord sa propre école, et plus tard un ashram. En 1921, avec un économiste de l’agriculture, il fonde l’Institut pour la reconstruction rurale, que par la suite il renommé Maison de la Paix.

Il poursuit en même temps sa carrière littéraire. En 1913, il obtient le Prix Nobel de littérature. «L’Académie suédoise justifie son choix en parlant de la profondeur et de la fraîcheur de ses vers, de l’aspect universel de son contenu spirituel qui apporte une nouvelle source d’inspiration à la littérature occidentale.» Le sort des intouchables et «l’anormale conscience de caste» le préoccupent également et, en action et par la plume, il s’efforce de transcender ces catégories.

Il décède le 7 août 1941, après trois années de souffrance, au cours desquelles il a composé des poésies jugées parmi les meilleures.

Son œuvre

Son œuvre écrite est considérable. Il est l’auteur de poèmes, qui établissent sa réputation mondiale, mais aussi de romans, essais, nouvelles, récits de voyage, drames et de milliers de chansons. Plusieurs de ces textes existent en traductions françaises. Il laisse également des compositions musicales et de nombreuses peintures.

«Il en est des conseils comme des médicaments; les plus amers sont les meilleurs. Ne pleurez jamais d’avoir perdu le soleil, les larmes vous empêcheront de voir les étoiles.» (Tagore)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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