Qui dit que les enseignants de la diversité sont incompétents?

Polémique sur un sondage de l'AEFO

Au congrès de l'AEFO le 23 février à Mississauga.
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Publié 27/03/2019 par Claire Besnard

Des enseignants se sont sentis humiliés après la divulgation des résultats d’un sondage sur la diversité des membres de l’AEFO, dévoilés lors du congrès du 23 février dernier à Mississauga.

Selon certains, 70% des enseignants blancs franco-ontariens auraient répondu que les enseignants issus de la diversité sont «incompétents».

Selon le syndicat des enseignants, il ne s’agit que de quelques commentaires «dérangeants» trouvés dans la section des réponses ouvertes du sondage réalisé par PGF Consultants et Concilium Capital Humain.

Participant au congrès de l’AEFO, Clément Yonta Ngouné, enseignant à l’école catholique Pierre Savard, en banlieue d’Ottawa, a diffusé un communiqué dans lequel il s’exprime au nom des enseignants issus de la diversité pour dénoncer les conclusions de ce sondage.

Qui dit vrai?

C’est le président de PGF Consultants, Benoît Hubert, qui a divulgué les résultats du sondage, «qui ont eu l’effet d’une bombe», selon M. Yonta Ngouné.

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Benoît Hubert, PDG de PGF Consultants, présente les résultats du sondage sur la diversité des membres de l’AEFO.

Celui-ci aurait interrogé à deux reprises Benoît Hubert sur les fondements de telles conclusions. «Ils nient, mais personne ne m’a jamais repris lorsque j’ai employé ces termes lors de ma question. De plus, il ne m’a pas expliqué comment ils avaient pu tirer de telles conclusions», s’étonne M. Yonta Ngouné.

Aucun média n’a rapporté une telle polémique suite à cette assemblée générale annuelle 2019 de l’AEFO.

Clément Yonta Ngouné (Photo: Facebook)

Un «Groupe de suivi des enseignants issus de la diversité» s’est constitué pour alerter la communauté et plancher sur ces questions. L’Express n’a pas pu discuter avec d’autres membres de ce comité, malgré plusieurs sollicitations.

Ces enseignants mécontents ont adressé une lettre au syndicat pour comprendre comment de telles conclusions avaient pu apparaître, et les dénoncer.

Problème: M. Hubert et les principaux responsables de l’AEFO nient totalement avoir tiré de telles conclusions. «Nous avons été très surpris de ce communiqué, nous savons que de telles conclusions n’ont jamais été prononcées», explique Pierre Léonard, le directeur général de l’AEFO.

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En entretien à L’Express, M. Yonta-Ngouné rétorque: «Nous étions 166 dans la salle, ils ne peuvent pas le nier.»

Un possible quiproquo

Aucune question du sondage – portant sur la diversité culturelle, religieuse, sexuelle, générationnelle – ne permettait d’évaluer la compétence des enseignants.

Mais les répondants avaient la possibilité de laisser des commentaires libres. 70% des enseignants répondants ont-ils vraiment, de manière délibérée, écrit que certains de leurs collègues sont incompétents?

Le président de l’AEFO, Rémi Sabourin, le directeur général Pierre Léonard.

«Lorsqu’on regarde la partie qualitative du sondage, on observe qu’il y a effectivement des commentaires qui dérangent», explique Rémi Sabourin, le président de l’AEFO, en entretien à L’Express. Pourtant, «ils ne représentent qu’une poignée de commentaires».

Difficile, donc, de tirer cette histoire au clair. Le syndicat est déterminé à faire la lumière sur cette histoire et, le 20 mars, a répondu au Groupe de suivi par une longue lettre. Le comité d’enseignants issus de la diversité, de son côté, s’organise et prépare un plan d’action qu’il ne souhaite pas rendre public pour l’instant.

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Retour au dialogue

Le syndicat avait d’abord tenté de régler cette affaire à l’interne. «Ils ne souhaitent pas nous rencontrer. Le syndicat, lui, veut faire preuve de transparence», nous explique M. Sabourin.

Les dirigeants de l’AEFO ont cherché à rencontrer Clément Yonta Ngouné et son comité. Ce dernier a organisé une réunion à Ottawa il y a deux semaines. «L’AEFO a tenté de s’y inviter, sans succès», regrette son président.

Dans sa lettre au comité, l’AEFO estime qu’«aucune affirmation [sur la compétence des enseignants issus de la diversité] n’a été faite lors de la présentation à l’assemblée annuelle. Aucune référence à une telle affirmation ne se retrouve dans le rapport issu du sondage.» 

Plus de 160 participants au congrès de l’AEFO.

C’est donc une polémique assez complexe, pour un sujet extrêmement délicat, qui impose une discussion rapide entre les enseignants issus de la diversité et les dirigeants du syndicat.

«Il faut régler ce malentendu et ouvrir le dialogue», dit M. Sabourin. «Ils se trompent d’ennemis. Dans cette lutte, nous sommes leurs alliés. Nous sommes constamment sur le terrain pour régler ce genre de situation. Ce sont nos membres, on travaille dans leur intérêt.»

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