Quelques pages de la vie de grands maîtres: Monet, Picasso, Cézanne

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 27/07/2010 par Gabriel Racle

Les musées nous offrent l’occasion d’admirer les œuvres d’artistes dont la réputation est bien établie, mais nous donnent rarement quelques aperçus sur la vie, les activités de ces maîtres, leurs impressions, ce qu’ils pensent éventuellement des toiles d’autres artistes, dont ils s’inspirent ou se distancent. Il faut donc saisir la possibilité de feuilleter quelques pages parlant de la vie et de l’art de ces maîtres.

Les critiques d’art qui veulent ridiculiser les œuvres de certains artistes obtiennent parfois l’effet contraire. Louis Vauxcelles, en qualifiant Vlaminick et consorts de fauves a «créé» le fauvisme. Louis Leroy, commentant l’exposition de 1874, où figure le tableau de Monet Impression, soleil levant, a par dérision utilisé le terme «impressionniste».

Monet et ses amis utiliseront ce qualificatif pour dénommer leur exposition de 1877.

L’impressionisme né en 1874 regroupe des célébrités comme Cézanne, Degas, Monet, Berthe Morisot, Renoir, Pissarro, Sisley et d’autres, qui s’opposent à l’académisme classique et se proposent de traduire, non pas la réalité elle-même, mais l’impression qu’elle produit sur l’artiste.

Et Claude Monet (1840-1926) est considéré comme le maître de l’impressionnisme.

Publicité

Giverny

Sans retracer toute la biographie de l’artiste, il vaut la peine de se pencher sur une période essentielle de sa vie, qui se déroule à partir de 1883, une fois le groupe impressionniste disloqué, lorsqu’il s’établit à Giverny, où se trouve depuis 2009 le Musée des impressionnismes.

Pour comprendre Monet et l’évolution de sa peinture, qui débouche sur les célèbres Nymphéas et les Grandes Décorations exposées à l’Orangerie, à Paris, il faut lire le superbe livre: Le jardin de Monet à Giverny: l’invention d’un paysage, Musée des impressionnismes, 2009, 144 p. L’ouvrage s’organise en trois sections, présentées par des textes explicatifs, et comporte une trentaine d’œuvres peintes, de photographies et de documents.

Monet jardinier

On découvre un Monet qui a le culte de la nature: «Je ne forme pas d’autre vœu que de me mêler plu intimement à la nature et je ne convoite pas d’autre destin que d’avoir, selon le précepte de Goethe, œuvré et vécu en harmonie avec ses lois. Elle est la grandeur, la puissance, el l’immortalité auprès de quoi la créature ne semble qu’un misérable atome.»

Et le voilà jardinier! Il dessine un jardin à sa guise, un travail de 20 ans, pour créer des massifs de couleurs harmonieuses, au fil des saisons, dans une extraordinaire profusion végétale. Il invente le paysage qu’il veut peindre, en prenant le contre-pied de l’artiste paysagiste qui trouvait ses motifs dans la nature.

Et il va jusqu’à créer un jardin d’eau qui devient son motif de prédilection et d’où sortiront Les Nymphéas. Séries de paysages d’eau, qui «sont devenus une obsession». Il faut lire les pages passionnantes du livre, regarder les tableaux et découvrir ce Monet devenu «un des plus grands peintres français du XXe siècle».

Publicité

Picasso Cézanne

Dans la même lignée, un autre ouvrage remarquable nous permet de découvrir les relations privilégiées entre deux grands maîtres de la peinture moderne: Picasso Cézanne, RMN, 2009, 280 p.

En des pages puissantes, abondamment illustrées, les thèmes de ce livre d’art et d’histoire offrent une intéressante lecture de Picasso, que l’on pourrait appeler: lire Picasso grâce à Cézanne.

La partie «Picasso regarde Cézanne», révèle comment l’artiste espagnol, né en 1881, a progressivement découvert le peintre provençal Cézanne (1839-1906), dont les œuvres vont l’influencer.

La juxtaposition de certains tableaux en est une illustration frappante. «La relation de Picasso à Cézanne est un dialogue infini, commencé très tôt, et poursuivi jusqu’à sa mort.» (p.21).

Picasso étudie Cézanne

«Ce qui nous intéresse, dit-il, c’est l’inquiétude de Cézanne, c’est l’enseignement de Cézanne.» Picasso étudie les tableaux de Cézanne, notamment chez le marchand d’art Vollard, qui a lancé Cézanne et a fait de lui le peintre le plus influent du XXe siècle.

Publicité

Et ainsi, Cézanne «occupe une place centrale dans l’œuvre et la réflexion de Picasso qui en subit l’influence dans ses compositions contrastées et aux rythmes dynamiques». (p. 40)

On peut juxtaposer – ce livre ne met-il pas les deux maîtres face à face – deux citations.
Picasso: «Si je connais Cézanne! Il était mon seul et unique maître! Vous pensez bien que j’ai regardé ses tableaux. J’ai passé des années à les étudier… Cézanne! Il était comme notre père à nous tous. C’est lui qui nous protégeait.»

Cézanne: «Tout dans la nature se modèle selon la sphère, le cône et le cylindre, il faut s’apprendre à peindre selon ces figures simples, on pourra ensuite faire tout ce qu’on voudra.» Picasso n’a-t-il pas fait tout ce qu’il voulait, peut-être à partir de ce principe de base?

Cet ouvrage magnifique pour saisir Picasso et Cézanne ne décevra pas l’amateur d’art moderne. Un beau cadeau à se faire ou à faire.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur