Quelques mauvaises influences…

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 02/06/2009 par Martin Francoeur

J’ai chez moi un petit carnet dans lequel je prends des notes, souvent quand j’apprends quelque chose de nouveau sur le plan linguistique ou encore quand je veux retenir un truc. Parfois, je vous le révèle, le contenu de ce petit carnet me procure certains sujets dont je traite dans ces pages.


Mais il y a de ces notes qui ne sont pas assez substantielles pour que je consacre une chronique entière à ce dont il y est question. J’ai donc tenté de regrouper quelques-unes de ces notes sous le thème des mots ou des expressions que l’on emploie incorrectement. En vrac, on y trouve plusieurs anglicismes, quelques calques et même certains barbarismes.
J’ai pensé les partager ici.

Franchise

La plus récente inscription de mon carnet concerne le merveilleux monde des assurances, que je n’ai pas eu le choix de fréquenter, récemment, alors que je procédais à une réclamation. Comme je voulais avoir l’air intelligent dans mes conversations téléphoniques avec mon agente d’indemnisation, j’avais dûment noté qu’on ne parlait pas d’un «déductible» mais bien d’une «franchise».

Le mot «franchise» désigne ici la partie des dommages qui est payée par l’assuré. Pour toucher une indemnisation, il faut généralement payer cette franchise, dont le montant varie et fait varier le coût de la police d’assurance.

L’emploi de «déductible», pour désigner ce montant, est courant mais fautif. Il vient de l’anglais. Le mot existe en français, mais on doit l’employer comme adjectif uniquement.

Publicité

Chirurgie

Autre sujet d’étonnement: l’emploi que l’on fait parfois du mot «chirurgie». L’an dernier, presque à pareille date, j’ai dû passer sous le bistouri pour corriger un petit problème d’intestins.

Je ne peux malheureusement pasdire que j’ai subi «une chirurgie», qui est un calque de l’anglais «surgery». Je dois plutôt dire que j’ai subi une «opération chirurgicale» ou une «intervention chirurgicale».

Dans les faits, le mot «chirurgie» ne devrait servir qu’à désigner la partie de la médecine qui  comporte des interventions manuelles ou instrumentales.

J’avais aussi noté l’expression latine «per capita» mais je ne me souvenais plus pourquoi… Ça m’arrive. Après avoir fouillé certains ouvrages de référence et certains guides orthographiques, je me suis souvenu que c’était parce qu’il valait mieux ne pas abuser de cette expression latine, puisqu’elle est passée dans la langue française par l’influence de l’anglais. En français, on n’a qu’à dire «par personne» ou «par tête».

Mais je me souviens aussi que je n’avais pas beaucoup aimé cette explication et cette tendance à vouloir bannir tout ce qui passe par l’anglais. Il me semble que l’expression est fréquente dans l’usage, notamment dans les médias, et qu’un emprunt au latin n’est pas un bien grand crime…

Publicité

Quiz

Je suis un grand amateur de jeux télévisés. Et j’avais déjà noté ce terme, de même que son quasi-synonyme «jeux-questionnaires» après avoir consulté le livre de Guy Bertrand intitulé 400 capsules linguistiques.

Je me doutais bien que le terme «quiz» n’était pas tout à fait approprié. Le conseiller linguistique de Radio-Canada mentionne que «quiz» est un vieil anglicisme qui aurait dû disparaître il y a longtemps.

En France, on rencontre parfois le terme «émission-jeu» mais chez nous, on lui a préféré les termes «jeu-questionnaire» et «jeu télévisé». Le premier prend un trait d’union parce que ce sont deux noms liés, alors que le second n’en prend pas parce qu’il s’agit d’un adjectif qui qualifie le «jeu» en question.

Le ou la loto?

Enfin, si vous achetez parfois des billets de loterie, vous remarquez peut-être qu’on utilise parfois le mot «loto» pour remplacer «loterie», comme dans «gagner à la loto». Mais pourquoi parle-t-on «du loto 6/49 ? C’est encore dans l’ouvrage de Guy Bertrand que j’avais trouvé ma réponse…

Il faut d’abord distinguer «le loto» et «la loto». Le loto est un jeu d’enfant semblable au bingo, ou encore un jeu public qui consiste à cocher des numéros sur un bulletin. En ce sens, puisqu’on gagne lorsque les numéros choisis sont tirés, on peut dire que le 6/49 est «un loto».

Publicité

Mais lorsqu’il est employé au féminin, le mot «loto» est tout simplement l’abréviation du mot «loterie».

La conclusion? Comme le 6/49 est un type de loterie, on peut aussi bien l’employer au féminin qu’au masculin. On dira donc «le tirage de la 6/49» ou «un gagnant du 6/49».

Je m’arrête ici. Je crois que je vais me garder quelques-unes de ces notes pour les partager de temps en temps.

Il me semble que, bien que ce soient des notes personnelles, ce sont des questions d’intérêt hautement public!

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur