Québec a 400 ans: un peu d’histoire

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Publié 02/07/2008 par Paul-François Sylvestre

À anniversaire spécial, exploration spéciale. Cette semaine, L’Express vous propose une ballade dans l’histoire de la ville de Québec, qui fête cette semaine son 400e anniversaire. L’occasion d’un voyage de l’esprit dans l’une des périodes fondatrices de notre pays, véritable épopée qui illustre mieux qu’aucune autre le concept même d’exploration.

La ville de Québec a été fondée le 3 juillet 1608, exactement 400 ans passés. Toute une gamme de festivités souligne cet anniversaire depuis le 1er janvier dernier et jusqu’au 31 décembre prochain. C’est l’occasion idéale, il me semble, de rappeler certaines facettes de cette importante page d’histoire.

On célèbre le 400e anniversaire de la première colonie permanente au Canada. La ville de Québec ne demeure cependant pas la première habitation française au Canada. Il y a d’abord eu la colonie de l’île Sainte-Croix, en Acadie, fondée en juin 1604 par Samuel de Champlain et Pierre Dugua. Les 79 colons résistent mal aux rigueurs de l’hiver et, au printemps de 1605, la moitié d’entre eux sont morts du scorbut.

Après ce tragique hiver, Dugua et Champlain décident de déplacer la colonie vers la terre ferme. Ils choisissent un endroit tout près de la baie française (Baie de Fundy). Les colons construisent l’habitation de Port-Royal et les Français y demeurent jusqu’en 1607, année d’un rapatriement forcé.

L’année suivante, le 13 avril 1608, Champlain quitte Honfleur sur le navire Don de Dieu et arrive à Tadoussac le 3 juin. De là, il remonte le fleuve Saint-Laurent en barque pour choisir un endroit propice à habiter. Le 3 juillet, Champlain est devant Québec, lieu sur lequel se fixe son choix. Voici ce qu’il écrit: «je cherchai lieu propre pour notre habitation, mais je n’en pu trouver de plus commode, ni mieux situé que la pointe de Québec, ainsi appelée des sauvages, laquelle était remplie de noyers. Aussitôt j’employai une partie de nos ouvriers à les abattre pour y faire notre abitation.» C’est l’étroitesse du fleuve entre les villes de Québec et de Lévis, sur la rive opposée, qui aurait donné le nom à la ville, Kebec étant un mot algonquin signifiant «là où le fleuve se rétrécit».

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L’hiver de 1608 fut particulièrement dur. Sur 24 personnes restées à Québec, il n’en restait plus que 8 au printemps 1609; 16 étaient mortes du scorbut. La partie était donc loin d’être gagnée pour Champlain qui, pendant des années, multipliera ses interventions auprès de la Cour de France et surtout des marchands peu empressés de développer la colonie. Tant et si bien que, 15 ans après sa fondation, Québec ne compte qu’une seule vraie famille capable de vivre sur ses propres ressources, soit celle de Louis Hébert, considéré comme le premier colon de la Nouvelle-France.

En 1627, soit 20 ans après sa fondation, il n’y a que 72 habitants à Québec. Cette année-là, la compagnie des Cent-Associés devient responsable du peuplement de la colonie. Elle nomme Charles Huault de Montmagny au poste de gouverneur. Il doit transformer le comptoir de Québec en une ville. Dès son arrivée, en 1636, il fait tracer de nouvelles rues et la première artère extérieure, le chemin Saint-Louis. Sur le promontoire, il veille à la construction du château Saint-Louis, résidence des gouverneurs et centre de l’administration. Tout près, les Ursulines, les Augustines et les Jésuites fondent les premières institutions de la colonie, deux écoles et un hôpital. L’activité commerciale reste concentrée à la Basse-Ville, près du port.

Les environs de Québec se peuplent. D’est en ouest s’alignent les seigneuries de Beauport, Notre-Dame-des-Anges, Saint-Ignace, Sillery. Elles couvrent tout le territoire de l’actuelle ville de Québec. En 1663, environ 550 personnes vivent à Québec, tandis que l’arrière-pays compte 1 400 habitants.

Québec accède officiellement au rang de capitale de la Nouvelle-France en 1663. Lieu de pouvoir, centre administratif, judiciaire et commercial, la ville joue aussi un rôle important sur le plan religieux. Le Séminaire de Québec y forme tous les prêtres de la colonie, et la ville devient le siège de l’évêché de Québec en 1674. Le diocèse dirigé par Mgr de Laval s’étend sur toutes les possessions, présentes et futures, de la couronne de France en Amérique du Nord (ex: Détroit).

À la fin du Régime français, le territoire de l’actuelle ville de Québec forme un paysage de contrastes saisissants. Boisés, villages, champs en culture et pâturages entourent la ville de 8 000 habitants. Celle-ci se démarque par son architecture monumentale, ses fortifications, ses rues boueuses et insalubres, ses riches maisons de maçonnerie et ses bicoques des faubourgs Saint-Jean et Saint-Roch.

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Malgré son urbanité et son statut de capitale, Québec reste une petite ville coloniale liée étroitement à l’arrière-pays. Les habitants viennent s’y procurer des marchandises de France et vendre leurs surplus agricoles et du bois de chauffage aux deux marchés de la ville.

Une imposante flotte britannique jette l’ancre près de Québec en juin 1759. Le 13 septembre 1759, James Wolfe livre bataille à Louis-Joseph de Montcalm sur les Plaines d’Abraham. Cinq jours plus tard, la capitale de la Nouvelle-France capitule.

En 1760, la plupart des possessions françaises d’Amérique du Nord sont cédées à la Grande-Bretagne. L’ancienne capitale de la Nouvelle-France devient celle de la «Province of Quebec». Par la suite, Québec sera la capitale de la province du Bas-Canada, de 1791 à 1840, capitale du Canada Uni, de 1859 à 1865, et capitale de la province de Québec depuis 1867. Pour cette raison, Québec est souvent appelée la Vieille Capitale.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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