Que deviendra la place Nathan Phillips?

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 27/02/2007 par Claude Bergeron

Le 8 mars, les Torontois connaîtront le lauréat du concours international lancé en octobre dernier pour le réaménagement de la place devant l’hôtel de ville. Le maire Miller considère ce projet comme un élément-clé de son programme pour faire de Toronto une ville belle, propre et verte.

L’examen des quatre projets qui se sont qualifiés pour l’étape finale du concours et qui furent exposés dans le hall de l’hôtel de ville du 20 au 26 février permet déjà, quel que soit le lauréat, de prévoir plusieurs caractéristiques qu’aura la place rénovée.

En effet, les quatre projets présentent un bon nombre d’aspects communs. En cette période où le développement durable est à la mode, il n’est pas étonnant que tous accordent une large place aux éléments naturels. Plant Architect Inc. annonce que son projet augmente la biomasse de 30%. Entre autres, ces architectes encadrent entièrement d’arbres la promenade élevée qui entoure la place, mais c’est la firme new-yorkaise Rogers Marvel qui couvre de végétation la plus grande superficie.

La place Nathan Phillips est déjà dotée d’un généreux plan d’eau, mais la plupart des concurrents augmentent la part de cet élément, prenant soin de recueillir l’eau de pluie à cette fin. Baird Sampson Neuert la font même descendre de la toiture du podium de l’hôtel de ville pour l’acheminer dans des canaux aménagés dans la promenade sur pilotis tout autour de la place.

Cette promenade élevée avait déjà fait l’objet de débats. Certains la voyaient comme un obstacle et souhaitaient la voir disparaître, ce à quoi s’opposaient les tenants de l’intégrité architecturale. Et bien, tous les concurrents la conservent et il paraît assuré que ce portique continuera à border les côtés sud et est de la place. Certains le conservent intégralement et même le prolongent vers le nord-ouest, d’autres l’amputent de certaines parties et tous remplacent par endroits par du verre les balustrades de béton afin d’établir une meilleure liaison entre l’intérieur et l’extérieur de l’enceinte.

Publicité

Précisément, la liaison avec les rues environnantes a retenu l’attention de tous. Un traitement unifié de l’espace entre la rue Queen et la colonnade garantit une transition continue. D’un côté, un volumineux kiosque d’information en verre, et qui la nuit se transforme en cage lumineuse, souligne l’entrée. De l’autre, un restaurant, aussi dans une cage de verre, est conçu comme une attraction majeure pour entraîner toujours plus de visiteurs sur cette place publique et les retenir.

À l’intérieur de l’enceinte, le principal élément qui rapproche tous les projets est la formation de jardins sur le toit du podium de l’hôtel de ville, afin de prolonger la balade sur ces hauteurs depuis longtemps inaccessibles et qui n’avaient jamais été invitantes en raison de leur dénuement. Pour attirer les promeneurs jusqu’au terme de cette terrasse, le projet de Baird Sampson Neuert ajoute sur le côté nord un vaste abri translucide pour protéger des rafales et y présenter une exposition permanente des œuvres de Viljo Revell, l’architecte de notre hôtel de ville.

On peut prévoir avec un peu moins d’assurance ce qu’il adviendra du jardin de la paix, qui lui aussi a déjà fait l’objet de controverses. Un seul projet le conserve intact, tandis que les trois autres le transportent à un même endroit dans le boisé près des terrains d’Osgoode Hall et le redessinent entièrement. C’est ce que proposent Zeidler Partnership et Baird Sampson Neuert dont les projets étonnent par plusieurs autres détails semblables. Ils sont les seuls à étendre le bassin actuel jusqu’à la colonnade du côté ouest, formant deux plans d’eau séparés par une passerelle. Au-delà de cette colonnade, les deux transforment l’actuel boisé en un jardin composé de bandes parallèles ondulées. Les deux projets se caractérisent aussi par un assemblage de plusieurs éléments contrastés et un éclairage qui laisse peu de repos pour l’œil.

Les architectes de Rogers Marvel, eux, apprécient le clair-obscur qui enveloppe présentement la place Nathan Phillips d’une ambiance de mystère et proposent de réduire l’éclairage à quelques endroits limités pour souligner les éléments dominants. Ils sont, en général, satisfaits de l’ensemble de la place et proposent des remaniements minimaux, comme l’amélioration des accès.

Par contre, tout en présentant une solution simple et la plus unifiée, ils altèrent la forme strictement rectangulaire de la place, et, ce faisant, leur projet peut paraître le plus radical.

Publicité

Dans un grand élan, une ligne sinueuse traverse la place du sud au nord à laquelle répond l’ondulation d’une colline boisée aménagée sur la toiture d’un restaurant et d’autres services. Bien qu’étonnantes, ces courbes ont leur correspondance dans les trois volumes qui composent l’hôtel de ville, et le vaste jardin paysager qu’elles délimitent établit une connexion remarquable entre la place Nathan Phillips et les jardins d’Osgoode Hall.

Le contraste qui paraît séparer nettement les deux renforce une diagonale pourtant inhérente à la place et qui a son point de départ au coin des rues Bay et Queen. Aucun autre projet ne l’a exprimée avec autant de force, bien que tous aient tenté d’améliorer le lien avec les rues au nord-ouest.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur