Quand l’intrigue se dénoue comme une partie de poker

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Publié 27/03/2012 par Paul-François Sylvestre

Traduit en vingt-cinq langues, Jeffrey Deaver est publié dans cent cinquante pays. L’Association internationale des auteurs de thriller lui a décerné le Prix du meilleur thriller de l’année pour Instinct de survie, traduction du roman The Bodies Left Behind (2008) qui met en scène l’inspectrice Kristen Brynn McKenzie.

L’action de ce thriller s’étend sur deux mois seulement et l’intrigue se déroule dans le Wisconsin, en bonne partie dans le parc national Marquette, près de la Joliet Trail.

Ces deux lieux rappellent le passage de l’explorateur Louis Joliet et du jésuite Jacques Marquette qui traversèrent le Wisconsin pour rejoindre le fleuve Mississippi à l’été 1673. L’auteur glisse d’autres toponymes français tels que Duluth et Eau Claire.

Le roman est un va-et-vient constant entre divers épisodes mettant tour à tour en scène deux meurtriers quasi impossibles à épingler, une policière et une femme qui a plus d’un tour dans son sac, ainsi que le mari de la policière et son fils.

Au sommet de l’intrigue, des représentants de toutes les forces de l’ordre se croisent: la police de l’État du Wisconsin, la police scientifique et les agents du FBI.

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Adjointe du shérif, l’inspectrice Kristen Brynn McKenzie est un personnage au passé trouble. L’auteur fournit les détails de façon parcimonieuse au fil des 420 pages de son thriller. Assez tôt dans le l’aventure ou les mésaventures de Brynn McKenzie, Deaver précise cependant que l’inspectrice est «une femme dont le pire ennemi, la pire crainte, est l’absence de contrôle.» McKenzie est chargée d’une enquête déclenchée par un coup de téléphone brusquement interrompu, provenant d’une maison de campagne au fin fond d’une route peu fréquentée aux abords du parc national Marquette.

Laissant son fils et son amant, elle découvre une scène d’horreur: deux personnes abattues d’une balle dans la tête.

Les meurtriers sont toujours sur les lieux et ils attaquent McKenzie qui se retrouve privée de son arme, de son téléphone et de sa voiture.

L’inspectrice fuit dans la forêt, emmenant avec elle une survivante du carnage qu’elle ne peut abandonner. Traquées comme des bêtes, épuisées, les deux femmes vivent une épreuve terrifiante.

En danger de mort, McKenzie sait qu’elle ne peut se fier qu’à une chose: son instinct de survie.

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Je ne sais pas si Jeffrey Deaver a parcouru la Joliet Trail ou s’il s’est simplement renseigné sur la très grande variété d’arbres qui y pousse.

Toujours est-il que l’auteur rend son récit aussi dense qu’une forêt de sapins baumiers, de genévriers, d’ifs, d’épinettes, de hickorys, de saules noirs, de chênes, d’érables et de bouleaux, toutes essences confondues.

Bien que ce thriller compte 420 pages, il n’y a que deux chapitres, l’un de 350 pages et l’autre de 70 pages. Le premier chapitre s’intitule Avril et nous plonge dans un habile «quart à quart»: deux femmes, deux meurtriers.

Ces derniers font un boulot où «les choses peuvent partir d’un côté ou de l’autre. Ou bien, comme ce soir, elles peuvent te revirer en pleine gueule…»

Il y a belle lurette que le plus dégourdi des deux a été chagriné d’avoir tué une femme. «La première fois peut-être, ensuite, on n’y fait même plus attention.»

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La femme que McKenzie emmène dans la forêt a plus d’un tour dans son sac. Il s’agit d’une comédienne qui «ne joue pas sur scène ni devant une caméra». Au besoin, elle change de rôle en adoptant l’air d’une citadine effrayée par la moindre pente abrupte, mais masquant un sang froid qui échappe pendant trop longtemps à l’inspectrice pourtant assez astucieuse.

Le second chapitre, Mai, conduit évidemment au dénouement de l’intrigue en la rendant plus complexe qu’elle ne paraissait au début. Intrigue qui progresse comme une partie de poker, à coups de bluff.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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