Le comportement humain est complexe. L’écrivaine Claire Bergeron, qui n’en est qu’à son second roman, nous montre comment «certains aspects de l’être humain nous échappent parfois [car] l’homme possède tellement de facettes.» C’est ce qui se dégage de La Promesse d’Émile, roman habilement écrit où nous découvrons que la victime d’un assassinat est… l’assassin!
L’histoire se passe en Abitibi; elle commence en 1990, puis nous faisons plusieurs retours en arrière, tantôt vers 1946 ou 1958, tantôt vers 1973. Dans un petit village près d’Amos, la famille d’Ovide Caron vit au bout du rang no 6. À l’abri des fureteurs et fouineuses, le paternel transforme sa maison en une «monstrueuse prison où règnent la peur et la violence». Ovide Caron est un sociopathe de la pire espèce qui bat, maltraite et viole ses propres enfants.
D’une saison à l’autre, d’une année à l’autre, les garçons et filles souffrent «de longs jours et d’interminables nuits dans la frayeur des sévices […] aux griffes de ce dépravé.» Les jumeaux Émile et Richard tentent de se protéger l’un l’autre. Un jour, le père est tellement furieux, qu’il plante sa fourche dans la terre, mais elle atteint le pied de Richard et lui transperce le pied de part en part. Émile est empêché de secourir son jumeau qui est finalement jeté sur le wagon comme un vulgaire sac de patates.
Chaque fois qu’Émile pense aux sévices subis régulièrement par tous les membres de sa famille, la honte rejaillit.
«La honte, il l’avait chevillée au corps depuis son enfance.» À 14 ou 15 ans, les jumeaux décident de s’évader. «Je vais revenir, maman, dès que je trouverai un moyen de vous arracher aux griffes du monstre», lance Émile. «Je vous le promets solennellement.» D’où le titre du roman: La Promesse d’Émile.