Avec ces Lettres ouvertes (Productions à ciel ouvert/Sélect), Richard Séguin s’est trouvé une prémisse qui répond à son besoin de faire de son métier et de son œuvre un lieu de dialogue: quinze chansons conçues comme autant de missives, adressées aux amis, aux amours, aux enfants, où l’on renoue avec un Séguin fidèle à lui-même, c’est-à-dire à ses amours et ses révoltes, ses convictions et ses doutes. Mais aussi fidèle à ce vocabulaire poétique et musical qu’il approfondit en marge des tendances – et sans le renouveler outre mesure – depuis plus de 30 ans.
Bien sûr, il serait malvenu, dans le cas de Séguin, de parler de stagnation. Disons simplement que si l’homme bat infatigablement la semelle, de préférence sur les chemins de traverse, l’auteur-compositeur, préfère cultiver son jardin familier, quitte à ce que ses récoltes de chansons se suivent et se ressemblent.
C’est d’ailleurs un peu dommage, dans la mesure où cette familiarité risque de nous faire passer à côté des quelques perles discrètes que renferme l’album, tel ce Rien qui détonne, pudique évocation de ce que l’amour emporte avec lui quand il fout le camp, laissant un homme seul dans le silence, que ce soit celui des machines (à l’usine, où il convient de ne pas parler de ces choses-là) ou de cet appartement à la fois trop grand et trop petit.
Autant dire que les fidèles de Séguin retrouveront ici leur plaisir intact, c’est-à-dire sans fard et sans manière. Quant à ceux qui n’avaient pas accroché à l’époque de Journée d’Amérique, on peut douter qu’ils trouvent dans ces Lettres ouvertes matière à conversion.
Sylvie sort de l’ombre
Tous les Québécois qui ont de jeunes enfants connaissent probablement l’univers de «Shilvi», mais personne, jusqu’ici, ne soupçonnait l’existence de ces chansons pour grandes personnes que Sylvie Dumontier préparait tranquillement dans l’ombre du personnage d’animation qui lui a valu trois Félix au fil des ans.