Quand des universitaires se mêlent d’écrire des pamphlets politiques

l'Université d'Ottawa
L'Université d'Ottawa.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 22/06/2019 par André Magny

La professeure d’administration publique Jennifer Wallner a demandé à des collègues de l’Université d’Ottawa d’écrire de courts mémoires sur des sujets susceptibles de faire partie de la prochaine campagne électorale en vue du scrutin fédéral du 21 octobre.

Soutenue dans sa démarche par le vice-doyen de la recherche de la Faculté des sciences sociales, John Sylvestre, la professeure Wallner avoue qu’elle a été influencée par une initiative de l’Université de Toronto (Ontario 360), qui s’est intéressé l’an dernier à certains domaines propres à la province.

«Mais la nôtre est différente en raison de la structure des soumissions des professeurs et du type d’évènements que nous prévoyons. En outre, les enjeux sont directement liés aux recherches menées par nos professeurs. Nous essayons ainsi de forger un nouveau chemin pour mobiliser les connaissances.»

Jennifer Wallner

Pas de jargon

Les profs ont eu comme consigne d’écrire trois pages maximum dans un langage clair «dépourvu du jargon» universitaire, ajoute Mme Wallner.

Cette initiative, désignée sous le nom d’IMPACT par la Faculté des sciences sociales, a été lancée le 18 juin sous forme de tables rondes avec, comme animateur, l’ancien commissaire aux langues officielles, Graham Fraser.

Publicité

Une vingtaine de sujets ont fait l’objet de courtes analyses, comme les questions d’économie et de commerce international, les politiques d’immigration et d’accueil des réfugiés, les relations entre le Canada et la Chine, l’aide étrangère, les peuples autochtones et, bien sûr, la francophonie.

Appui à la dualité linguistique

C’est sous ce titre que se présente le mémoire de Martin Normand et Linda Cardinal, de l’École d’études politiques à l’UO.

Martin Normand
Martin Normand

«Les évènements de l’automne 2018 qui ont pris à partie les minorités francophones et la dualité linguistique au pays – comme l’abolition du Commissariat aux services en français de l’Ontario, le retrait du financement à l’Université de l’Ontario français, l’annulation des Jeux de la Francophonie au Nouveau-Brunswick, le licenciement de traducteurs par le gouvernement du Manitoba –, ont suscité de nombreuses réactions partout au pays», rappellent les auteurs.

Ils estiment que, oui, la Loi sur les langues officielles doit être modernisée, mais qu’on ne peut présumer de rien. Les chercheurs ont cru bon ajouter une série d’options, au cas où cette possible modernisation n’irait pas assez loin.

Mme Cardinal et M. Normand suggèrent ainsi de «développer un outil d’analyse différenciée selon les langues officielles, ou une lentille linguistique pour la planification, la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques et de programmes qui devra obligatoirement être utilisée par les institutions fédérales.»

Publicité
Linda Cardinal

Ce serait compliqué. non? «Pas du tout», assure M. Normand, «il existe un outil semblable en matière d’analyse comparative entre les sexes.» Ils proposent également «le bilinguisme à l’embauche pour les postes de superviseur et pour ceux et celles qui travaillent avec le public.»

Huit recommandations

Au total, ce sont huit recommandations qui se retrouvent dans leur écrit. Mais au fait, les partis politiques recevront-ils ces mémoires et toutes leurs propositions? «Ça, c’est une bonne idée», reconnaît avec enthousiasme Jennifer Wallner. «Je vais le faire lorsque tous nos mémoires seront complétés en anglais et en français.»

Auteur

  • André Magny

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur