Quand des proverbes nous réservent des surprises

D’après la définition donnée sur Internet par Wikipédia, «un proverbe est une formule langagière de portée générale contenant une morale, une expression de sagesse populaire ou une vérité d’expérience que l’on juge utile de rappeler.»

«La fortune sourit aux audacieux.» «À cœur vaillant rien d’impossible.» Etc.

Il s’agit habituellement d’une courte phrase bien frappée dont on ignore l’auteur, et qui donne un avis ou un conseil que l’on devrait sinon suivre, du moins connaître, pour se situer honorablement dans le milieu social.

Conseils pratiques

L’origine des proverbes est ancienne la plupart du temps, traduction de formulations latines, grecques, mésopotamiennes ou égyptiennes.

Il s’agit le plus souvent d’un énoncé basé sur une expérience, des constatations faites au cours du temps et des pays, des conseils pratiques qu’il faut suivre ou tirer de l’énoncé proverbial qui donne un exemple frappant.

«Il ne faut pas dire fontaine je ne boirai pas de ton eau»: proverbe à interpréter, bien entendu. «Il ne faut pas jeter le manche après la cognée.»

L’utilisation de l’impératif est très rare: «Fais ce que dois. Advienne que pourra.» Les conseils significatifs ou des énoncés qu’il faut interpréter sont utiles. Mais un proverbe demande lecture et réflexion.

Père et fils

Les relations entre un père et ses enfants, symbolisés par son fils, nous donnent de curieux proverbes.

«À père avare, fils prodigue.» Ce proverbe est souvent utilisé, plus par écrit que par oral, pour mettre en évidence la différence qui peut exister entre un père et ses enfants.

On ne saurait le prendre à la lettre, ce qui peut arriver dans certains cas, mais en déduire l’influence contradictoire que les parents peuvent avoir sur leurs enfants. C’est le point significatif du proverbe.

«Les Grecs déclaraient infâme tout citoyen ruiné par de folles dépenses. Chez les Romains, la prodigalité était punie par l’exposition publique. On conduisait les dissipateurs sur une estrade dressée au milieu de la cité et là on les abandonnait à la risée du peuple.» (La France pittoresque)

Le contraire

Si les origines précises de ce proverbe sur l’avarice sont obscures, il n’en est que plus surprenant de découvrir qu’il existe un autre proverbe qui dit exactement le contraire: «Tel père, tel fils.»

Il est rare que deux proverbes se contredisent aussi radicalement, car ils sont généralement l’expression condensée d’expériences ou d’interventions sociales cumulatives.

Mais une exception est possible, car les relations père-fils sont d’ordre familial, personnel. Les comportements paternels peuvent donc varier d’une famille à une autre, d’un père à un autre. Il n’y a donc pas de comportement social général, mais des comportements particuliers variables et contradictoires éventuellement.

L’opposition entre ces proverbes est donc factice, et l’utilisation de ces proverbes demande réflexion. Nous avions souvent souligné dans L’Express l’influence artistique paternelle et plus rarement maternelle, sur la carrière artistique d’un enfant issu de la famille.

Vérités

«Des vérités pratiques dictées… par l’expérience et le bon sens, et des résultats d’observations générales et variées sur les causes morales et leurs effets. Le proverbe est […] une vérité que l’usage met dans toutes les bouches et qui prend date.» (Charles de Méry, Histoire générale des proverbes, Paris, 1828)