Privilégier les jeux vidéo utiles à la mémoire

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Les amateurs de jeux vidéos sont souvent équipés de consoles performantes. Photo: iStock.com/gorodenkoff
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Publié 09/10/2017 par Isabelle Burgun

Vous avez passé la soirée manette en main à tuer des méchants au sein de l’univers labyrinthique d’Assassin’s Creed. Pourtant, malgré les nombreux déplacements au sein de votre jeu préféré, ces manipulations auraient un impact plutôt négatif sur votre cerveau.

C’est du moins ce qu’assure une étude québécoise parue récemment dans la revue Molecular Psychiatry. Les chercheurs ont comparé les cerveaux de joueurs et de non-joueurs.

«Si on croit que tous les jeux favorisent le vieillissement sain du cerveau, on se trompe. Cela a un impact défavorable sur la mémoire spatiale. La consommation élevée de certains jeux vidéo va empirer ce phénomène», soutient même la chercheuse de l’Institut Douglas et professeure au Département de psychiatrie de l’Université McGill, Véronique Bohbot.

Par exemple, jouer de trop nombreuses heures aux jeux vidéo de tirs à la première personne modifierait la plasticité d’une zone qui est centrale pour la mémoire spatiale et épisodique, l’hippocampe (c’est cette zone qui nous aide à nous souvenir longtemps des évènements de notre vie).

Chez les joueurs de ce type de jeu (Call of Duty, Killzone et Borderlands), les chercheurs ont constaté une réduction de la matière grise au sein de l’hippocampe. En plus d’avoir un impact sur la mémoire, cette régression pourrait en avoir un sur le comportement et l’humeur.

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En tout, les chercheurs ont fait appel à 97 jeunes participants qu’ils ont soumis à 90 heures de jeux après avoir évalué leurs stratégies pour se repérer dans l’espace à l’aide d’un parcours 3D.

Résultat: 85 % des utilisateurs de la stratégie dite de réponse par stimulus voyaient des répercussions dans leur cerveau. Cette stratégie concerne ceux qui bougent suivant une routine et regardent moins les points de repère — et donc, sollicitent moins leur hippocampe. Ce seraient eux qui en souffriraient le plus dans leurs cerveaux.

De la diversité pour le cerveau

Le neurologue Antoine Hakim, qui n’a pas été impliqué dans cette recherche, la juge bien faite et dotée de nombreuses mesures de contrôle permettant de quantifier les résultats.

«C’est conforme à nos connaissances actuelles. Le cerveau n’aime pas faire toujours la même chose. Il aime la variété et la persistance», relève le chercheur émérite de l’Hôpital d’Ottawa.

Auteur d’un ouvrage sur la question (Préservez votre vitalité mentale) dans lequel il donne des règles pour prendre soin de son cerveau, le neurologue souligne que la clé est de rester actif et de veiller à sa bonne santé générale (poids, pression artérielle, sommeil, etc.). Il cite une célèbre étude des années 1980 et 1990 sur les religieuses, qui avait démontré que les plus actives étaient celles qui avaient su garder leur cerveau en santé.

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«Tous les jeux vidéo ne se valent pas, comme le montre cette étude. Il faut privilégier les activités qui vont enrichir notre mémoire. Je n’ai rien contre l’électronique qui accompagne nos vies (GPS, etc.), mais il faut contrecarrer notre inclinaison à la paresse par des activités créatrices: écrire de la poésie ou des lettres d’amour plutôt que seulement des courriels», insiste le chercheur.

Du mal à lâcher la manette?

Les jeux de tirs à la première personne sont plutôt addictifs et il y a des raisons pour cela: les parties de notre cerveau qui sont sollicitées.

«Les joueurs sont sur le pilote automatique des noyaux caudés» ce qui produit du stress et de l’hyper-vigilance, explique Véronique Bohbot. «C’est un mécanisme de survie»… mais ce mécanisme a aussi pour conséquence qu’il est dur de décrocher!

Et pour qui s’imaginerait être en train de préparer son cerveau au combat réel, pas question, sanctionne Véronique Bohbot. «Les meilleurs soldats ne sont pas ceux qui tirent le plus vite sur la gâchette, mais ceux qui possèdent une bonne mémoire afin de pouvoir discriminer les cibles potentielles.»

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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