Prévention cognitive: la raison ne tient qu’à un fil… de neurones

Le vieillissement n’est pas une maladie!

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Publié 24/11/2015 par Atef Badji

Pour la première fois dans l’histoire du pays, les personnes de 65 ans et plus sont plus nombreuses que les jeunes de moins de 14 ans. C’est un fait, l’espérance de vie ne cesse de croître et le nombre de personnes âgées aussi.

Ainsi, au Canada, l’espérance de vie est de 81 ans, soit 81 belles années à vivre pleinement, plus que ne pouvaient espérer nos grands-parents et arrières grands-parents. Toutefois, pour jouir au mieux de ces années en plus, et en même temps concrétiser ses aspirations, profiter de son entourage et de sa famille, il faut pouvoir le faire en bonne santé.

Parler du vieillissement implique surtout un devoir de prévention. Loin de moi l’idée de vous marteler la tête avec des concepts affligeants en reprenant des slogans phares tel que la «bombe à retardement» du vieillissement ou encore les «victimes» de la maladie d’Alzheimer.

Oui, il est vrai, les troubles cognitifs affectent de plus en plus de personnes et deviennent avec l’âge un défi à relever pour en atténuer les effets. Mais le vieillissement n’est pas et ne sera jamais une maladie! «Vivre, c’est vieillir, rien de plus», a dit Simone de Beauvoir.

Évaluation

Depuis mon arrivée à Toronto, j’ai eu la chance de rencontrer une sommité en matière de vieillissement, mais aussi d’éducation, le Dr Guy Proulx.

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Pour lui, la neuropsychologie cognitive est une vocation. Il s’emballe dès qu’on lui parle de sa discipline et transmet avec enthousiasme ses connaissances en matière d’interaction entre les structures du cerveau, des fonctions cognitives telles que le langage, l’attention et surtout la mémoire.

Le Dr Proulx a été directeur du département de psychologie de l’Hôpital Saint-Vincent et du Centre Élisabeth-Bruyère à Ottawa, puis du département de psychologie du Baycrest Centre for Geriatric Care à Toronto. Il est présentement directeur du Centre de santé cognitive du campus Glendon de l’Université York, où il enseigne également la psychobiologie et la neuropsychologie.

Il est connu pour avoir créé un outil, utilisé aujourd’hui dans le monde entier pour évaluer les fonctions cognitives des personnes âgées et ainsi faire la distinction entre les différents types de démence.

Il se spécialise dans l’évaluation et la réadaptation des troubles cognitifs chez les personnes souffrant d’accident vasculaire cérébral ou atteintes de démence et se distingue des autres professeurs par son implication et son investissement auprès de ses étudiants en leur donnant la possibilité d’allier théorie et pratique par le biais de stages dans des organisations partenaires à Glendon, comme le Baycrest Centre ou le Sunnybrook Health Sciences Centre.

Enthousiasme

J’ai eu la chance de pouvoir non seulement assister à ses cours de neuropsychologie, mais aussi à son cours donné tous les vendredis aux personnes âgées faisant partie du LLIR (Living and Learning in retirement).

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LLIR est le programme d’éducation le plus ancien pour le troisième âge au Canada. Cette organisation autonome se maintient en vie grâce au formidable travail de tous ses bénévoles et permet aux personnes âgées de continuer leur éducation.

Le cours du Dr Proulx, The Changing Brain, leur permet d’entrer dans le monde excitant du cerveau de la cognition, du comportement et des changements qui ont lieu tout au long de la vie. Par le biais de petites anecdotes personnelles et professionnelles, le prof est d’une aide infiniment précieuse pour ces personnes âgées qui se servent de ses préceptes pour leurs proches atteints de troubles cognitifs.

J’ai été profondément émue lors du premier cours donné dans cette salle, remplie de personnes âgées, tant elles étaient vives et intéressées. Elles s’ennivraient de ses paroles avec beaucoup d’enthousiasme et ce quelque soit leur condition physique. Ce tableau était pour moi un véritable baume au cœur, en comparaison de ce que j’avais connu en France.

En effet, parallèlement à mes études de médecine, j’ai travaillé en maison de retraite en temps qu’aide-soignante, puis en temps qu’infirmière dans des établissement d’hébergements pour personnes âgées dépendantes, ce qui m’a permis d’être le témoin de conditions de vie mortifère des personnes âgées, isolées, oscillant entre un état végétatif et une bien maigre occupation.

Cette expérience m’a permis de savoir quel médecin je voulais être et quel combat je voulais mener.

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Prévention

Face à une population de plus en plus vieillissante, il n’a jamais été autant important de parler de prévention.

Ne pas fumer, boire avec modération, manger des fruits et des légumes tous les jours, ainsi que maintenir une activité régulière d’au moins 30 minutes par jour, sont autant de préceptes connus du grand public qui aideraient à diminuer de façon considérable l’incidence des maladies dites de civilisation tels les cancers, les maladies cardio-vasculaires ou encore le diabète.

En revanche, ce dont on ne parle pas assez, c’est de la prévention dans le domaine cognitif. Comme une fleur que l’on n’arrose pas et puis se fane, ou un muscle que l’on n’utilise pas et finit par s’atrophier, le cerveau n’est en rien différent: pour le maintenir en bonne santé, il faut l’utiliser.

Alors plonger corps et âme dans les plaisirs de l’éducation, il n’est jamais trop tard pour concrétiser un rêve. Rien ne vous empêche d’apprendre le piano à 50 ans, de suivre un cours de génétique ou de pâtisserie, d’écrire votre premier roman ou même d’appendre une nouvelle langue. Vous êtes le capitaine de votre âme, le maître de votre destin.

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À lire aussi dans L’Express: L’art thérapeutique est roi au centre Baycrest

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