Prescriptions: la langue est parfois un obstacle pour les Franco-Ontariens

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Les patients francophones sont plus susceptibles de se voir prescrire à tort des antipsychotiques, selon une étude de l’Université d’Ottawa. Photo: iStock.com/MJ_Prototype
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Publié 05/12/2024 par Chantallya Louis

Les patients francophones et allophones d’établissements de soins de longue durée en Ontario sont plus susceptibles de se voir prescrire à tort des antipsychotiques. C’est ce qu’a démontré une récente étude de l’Université d’Ottawa (Ud’O).

La chaire en médecine familiale à l’Ud’O et l’Institut du Savoir Montfort, Lise Bjerre, révèle dans son rapport l’importance cruciale de la concordance linguistique des soins de longue durée.

Cette recherche, financée par le Consortium national de formation en santé (CNFS) présente des résultats d’une étude populationnelle pendant une dizaine d’années auprès d’environ 200 000 personnes vivant dans des établissements de soins de longue durée en Ontario.

Un risque accru

Selon l’étude, publiée dans la revue BMC Geriatrics, les patients vivant dans une situation de «discordance linguistique», ce qui signifie que leur langue de préférence n’est pas celle de la majorité des résidents d’un établissement, ont un risque accru d’environ 7% de recevoir des prescriptions potentiellement inappropriées d’antipsychotiques.

Ces médicaments sont souvent utilisés pour traiter l’agitation et l’agressivité chez les patients atteints de démence, toutefois, ils présentent des effets secondaires graves et des risques importants, comme la perte d’équilibre qui peut mener à des chutes, des fractures de la hanche.

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«À mesure que les gens vieillissent, leur capacité à métaboliser et à tolérer les effets secondaires des médicaments diminue», explique l’autrice principale de la recherche

Une question de communication

En raison de la barrière de communication causée par langue, les francophones et les allophones sont plus susceptibles de vivre dans de telles situations et affichent un taux plus élevé de prescriptions inappropriées comparé aux anglophones.

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Dre Lise Bjerre. Photo: courtoisie

Selon la médecin, cela met en évidence l’impact des barrières linguistiques sur la qualité des soins.

La Dre Bjerre souligne que ce problème ne résulte pas d’une intention malveillante, mais bien d’un manque de communication efficace.

«Les barrières linguistiques peuvent mener à une mauvaise interprétation des symptômes ou des besoins des patients.»

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Or, les outils que possède l’Ontario pour évaluer les soins de santé offerts par la province ne contiennent pas d’information sur la langue parlée par les professionnels de santé.

Des recommandations

L’étude propose plusieurs recommandations pour pallier ces défis :

  • Inscrire la langue de préférence du patient sur la carte d’assurance maladie.
  • Modifier les processus pour favoriser le jumelage des patients et patientes avec les établissements et les prestataires de soins capables de s’occuper d’eux dans la langue qui leur convient.
  • Assurer un personnel multilingue ou d’interprètes qualifiés dans les établissements.
  • Former le personnel en français pour mieux servir les communautés de langue officielle en situation minoritaire à travers le pays (comme le fait le programme actuel à l’École des sciences pharmaceutiques de l’Université d’Ottawa).

Par ailleurs, une étude publiée en 2022, dans le journal de l’Association médicale canadienne, a démontré que les patients d’établissements de soins de longue durée, dont les soins prodigués étaient en concordance avec la langue, ont connu des complications et des mortalités moindres en hôpital que leurs homologues aux prises avec une discordance quant à leur langue de préférence.

Auteurs

  • Chantallya Louis

    Journaliste pour Radio-Canada, Francopresse et aujourd'hui Le Droit à Ottawa. Diplômée en Études internationales, Langues modernes, Entrepreneuriat social et Administration publique. Elle parle français, anglais, espagnol et créole haïtien.

  • Francopresse

    Le média d’information numérique au service de la francophonie canadienne, qui travaille de concert avec les journaux membres de Réseau.Presse.

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