Dans le concert des Nations, la valse des migrants prend parfois des airs de danse macabre. Les frontières ont créé les visas et la citoyenneté devient une monnaie d’échange, spéculant sur la misère et la détresse humaines.
Le programme Aides familiaux résidants, qui délivre un permis travail aux immigrantes ayant vécu 24 mois chez une famille canadienne pour s’occuper d’enfants ou de personnes en manque d’autonomie, est une porte ouverte sur ce genre d’abus. Telle est du moins la situation dénoncée par Canada à vendre, un documentaire de Geoff Bowie, présenté mercredi dernier à l’Alliance française par la société Médiatique.
L’esclavage et l’exploitation sont des immondices du passé, dit-on, ou alors des situations lointaines et reculées. Le Canada serait une terre de liberté et de réussite, qui accueille ces damnés des autres lieux pour leur permettre de vivre et non de survivre. C’est ce que croient aussi les immigrants, venus des Philippines ou encore d’Haïti, qui fuient la misère endémique de leur pays pour connaître la dynamique prospère du Canada… un rêve qui peut vite devenir cauchemar.
Marie-Violette a quitté le bourbier haïtien pour travailler pour le Canada. Elle offre sa main-d’œuvre à une famille canadienne pour s’occuper des travaux domestiques et de leurs enfants: selon le programme Aides familiaux résidants, dans 24 mois elle aura droit à un permis travail et pourra résider au Canada. En attendant elle devra travailler 40h par semaine au salaire minimal, et vivre chez ses employeurs.
Pourtant derrière les cloisons de sa nouvelle maison, se cachent des barreaux de prison.