Pour secouer notre torpeur économique

Pétition pour la création d'un incubateur d'entreprises francophones

L'entrée principale du MaRS Discovery District à Toronto. Le signe signifiait à l'origine «Medical and Related Sciences» mais le mandat de l'organisme a été élargi à innovation et l'entrepreunariat.
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Publié 29/05/2019 par Hosni Zaouali

Après cette période d’austérité à l’égard des francophones, il est temps pour nous de faire le bilan et de construire l’avenir – la tête sur les épaules et les pieds bien sur terre.

Pour avoir une chance de nous épanouir, nous allons devoir laisser passer cette période de colère envers le gouvernement Ford et faire place à une réflexion en profondeur sur notre rôle et notre avenir en Ontario.

Dynamisme économique

En théorie, chacun de nous (chaque francophone) est invité à participer à cette réflexion collective sur l’avenir de notre communauté. Car si le futur de notre communauté est décidé en notre absence, c’est nous qui devrons quand même en subir les conséquences.

Pour les raisons que j’ai expliquées dans l’article du 11 mars 2019, le francophone lambda a malheureusement d’autres sujets plus urgents à traiter.

Aujourd’hui, ne nous y trompons pas: les francophones perdent de plus en plus leur influence en Ontario en raison de notre manque de dynamisme économique. Posons-nous la question de savoir si le gouvernement Ford aurait osé torpiller le projet d’université francophone, ou même destituer le commissaire aux services en français, si nous représentions un réel pouvoir économique.

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Gloire passée

Les Franco-Ontariens des générations passés ont eu le courage et l’intelligence nécessaires d’acquérir les droits dont nous bénéficions aujourd’hui. Nous pouvons être fiers de cette bataille politique que nous avons gagnée depuis bien longtemps.

Cependant, beaucoup pensent que nous ne vivons depuis que sur les ruines de cette gloire passée.

Nous parlons de nous-mêmes comme d’une communauté en situation précaire, une communauté en situation minoritaire, victimisée, perdue sans nos subventions tant nécessaires à notre survie sociale.

Ce n’est ni la faute de Queen’s Park ni la faute d’Ottawa. Les gouvernements (provincial et fédéral) ne font que de répondre à nos cris de désespoir en attribuant des sommes plus ou moins grandes au soutien communautaire.

Apprendre à pêcher

Il n’y a qu’à comparer les sommes importantes destinées à la culture et au développement communautaire des Franco-Ontariens aux sommes minimes consacrées à leur développement économique.

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C’est comme si nous nous étions gentiment mis d’accord avec le gouvernement pour continuer à percevoir un poisson chaque jour, mais à ne jamais apprendre à pêcher.

En tant que Franco-Ontariens, nous sommes fiers d’avoir créé une culture sociale qui aide les plus démunis à trouver une place dans une société de plus en plus complexe.

Le revers de la médaille est que, sans initiative d’innovation entrepreneuriale, nous sommes condamnés à dépendre des subventions gouvernementales. Ces subventions sont certes nécessaires, mais peuvent conduire à une oisiveté économique si elles ne sont pas accompagnées de réelles ambitions entrepreneuriales.

Nous avons tout pour réussir

Le résultat est que notre communauté est considérée défavorisée, en situation précaire, alors que nous avons tout pour réussir lorsqu’il s’agit d’innovation et d’entrepreneuriat:

– Nous sommes multiculturels. Alors que le Canada a du mal à diversifier ses relations commerciales avec le reste du monde (85% de notre commerce extérieur est destiné aux États-Unis), les francophones donnent un accès direct à l’Afrique, au Proche/Moyen-Orient et à l’Europe. En effet, surtout depuis le Brexit, Londres n’est plus la porte vers l’Europe. La France et l’Allemagne le sont devenues. Les Franco-Ontariens ont tout ce qu’il faut pour tirer avantage de cette opportunité.

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– Nous ne sommes pas que bilingues. À l’instar des nouveaux arrivants, nous parlons plusieurs langues.

– Nous avons une expertise institutionnelle et une influence politique.

Pétition pour un incubateur

Sans leur propre écosystème d’innovation, la francophonie est destinée à être une colonie anglophone. Mais que faire alors pour arriver à s’épanouir économiquement?

Peut-être que si nous demandions plus de fonds destinés à l’entrepreneuriat et l’innovation, nous pourrions donner la possibilité à notre jeunesse de reprendre leur destin en mains.

Cette démarche initiée par le CCO (Conseil de la Coopération de l’Ontario) et la SEO (Société économique de l’Ontario) est tellement vitale pour la prospérité de notre communauté et totalement à notre portée: voir la pétition lancée par le CCO.

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Pour un écosystème d’innovation

Nous sommes donc livrés à cette lourde tâche de réinventer non seulement notre culture franco-ontarienne, mais aussi sa pérennité. Pour y arriver, il est indispensable de construire pièce par pièce un écosystème d’innovation propulsé par l’entrepreneuriat.

Nous avons besoin d’un espace dédié à cet effet, d’une jeunesse qui y croit, d’investisseurs privés, l’aide de l’État, une coopération entre les différents acteurs de la francophonie, et un rapprochement vers les incubateurs anglophones déjà existants.

Seulement là arriverons-nous à créer incubateur financièrement et opérationnellement viable qui réunira les innovateurs francophones les plus avant-gardistes.

Auteur

  • Hosni Zaouali

    Chroniqueur sur l'entrepreunariat et l'innovation. Facilitateur de cours à l'université Stanford en Californie. Fondateur du VC-BootCamp et de Tech Adaptika. Consultant pour le Fonds international pour le développement de l'agriculture.

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