À la suite de son succès remporté au récent Festival des films du monde de Montréal, le documentaire de Claire Corriveau, Les épouses de l’armée, a été diffusé à l’Office national du film du Canada les 16 et 17 octobre derniers. Elle-même femme de militaire, la journaliste lève le voile sur le quotidien obscur de ces femmes. Des portraits percutants, qui témoignent de la solitude et de la vulnérabilité des conjointes de militaires.
Alors que la mission des forces canadiennes en Afghanistan suscite de nombreux commentaires, Les épouses de l’armée évoque le sacrifice militaire à travers le prisme féminin.
Contraintes de suivre leurs maris dans diverses bases militaires, ces femmes doivent sans cesse reconstruire leur vie tout en préservant celle de leurs enfants: «À chaque fois, elles doivent se recréer un réseau social, entretenir des liens éloignés avec leur famille, trouver un emploi, une école pour les enfants», explique Claire Corriveau. Ces femmes contribuent largement à la logistique de l’armée et restent malgré tout dans l’ombre.
Pourtant, l’armée exerce une pression manifeste sur les conjointes de militaires. Le documentaire donne la parole à Lucie Laliberté, femme du lieutenant Larry Richardson. En 1984, soutenue par les femmes de la base de Penhold en Alberta, cette dernière demande un régime de pensions, des garderies et un plan dentaire.
L’armée, inquiétée par leurs revendications inhabituelles, menace d’arrêter toutes les femmes de la base pour «violation de propriété». Autant dire que depuis 1984, la situation des femmes de militaires n’a pas beaucoup évolué.