Portrait de la francophonie canadienne

français hors Québec, francophonie
Les drapeaux de la francophonie canadienne. Illustration: quebeccultureblog.com
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Publié 24/06/2019 par Charles-Antoine Côté

En octobre 2018, à l’émission Tout le monde en parle, Denise Bombardier déclarait que «partout au Canada, il y a des communautés francophones qui se meurent». Ces propos lui avaient attiré de vives critiques de la part des communautés francophones en situation minoritaire.

Alors que dans les 30 dernières années, on faisait état d’une diminution du nombre de personnes pouvant soutenir une conversation en français, quel tableau peut-on dresser de la francophonie pancanadienne en 2019?

Voici, par province et territoire, un portrait des communautés francophones au Canada fondé sur le recensement de 2016.

Dans les territoires

Les communautés de langue française du Grand Nord sont en pleine émergence et très actives. Les trois territoires sont reconnus pour leur sensibilité aux questions linguistiques en raison du grand nombre de dialectes autochtones présents dans ces grandes régions du pays.

Des journaux du Grand Nord: Yukon, Territoires du Nord-Ouest, Nunavut.

Nunavut : La présence francophone au Nunavut remonte aux débuts des années 1980. La plupart des membres de la communauté francophone du Nunavut provient d’ailleurs au pays; or on recense tout de même 10% de francophones natifs de la région.

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En 2001, on fondait dans la capitale, Iqaluit, une première école de langue française, l’école des Trois Soleils, l’école de langue française la plus nordique au monde. Aujourd’hui, les communautés francophones du Nunavut sont desservies par deux médias de langue française, le journal Le Nunavoix ainsi que la radio CFRT FM.

Territoires du Nord-Ouest : Les Territoires du Nord-Ouest comptent 11 langues officielles. La population ayant le français comme langue maternelle y a connu une augmentation importante. On dénombre 4275 personnes qui peuvent soutenir une conversation en français.

Cela dit, la majorité des Franco-Ténois ne sont pas natifs des T.-N.O. ils se rassemblent autour d’associations comme l’Association francoculturelle de Yellowknife, celle de Hay River en plus de la Fédération franco-ténoise.

Yukon : En pourcentage, le Yukon est le troisième endroit au Canada où le bilinguisme est le plus élevé, derrière le Québec et le Nouveau-Brunswick.

Les francophones sont présents dans le territoire depuis l’époque de la ruée vers l’or du Klondike, à la fin des années 1890. Aujourd’hui, la majorité de la communauté est établie à Whitehorse. Le 15 mai est reconnu comme la journée de la francophonie yukonaise.

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Des journaux du Nouveau-Brunswick.

En Atlantique

La présence du français en Atlantique remonte à la fondation de l’Acadie, en 1604. La communauté acadienne et les autres communautés francophones qui sont apparues au fil du temps ont contribué à faire rayonner le français au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard.

Nouveau-Brunswick : C’est au Nouveau-Brunswick que le poids démographique des francophones est le plus important au pays. En 2011, plus des trois quarts de Canadiens qui parlent le français à la maison (en excluant les Québécois) y résidaient.

La majorité des francophones au Nouveau-Brunswick habitent Campbellton, Miramichi, Moncton et Richibucto.

C’est sous la gouvernance de l’ancien premier ministre Louis J. Robichaud que le Nouveau-Brunswick est devenu officiellement bilingue en 1969 grâce à la Loi sur les langues officielles. En 1973, la création de la Société des Acadiens procure un appui de taille pour la revendication de leurs droits.

Aujourd’hui, les 92 écoles publiques de langue française de la province accueillent 28 920 élèves.

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Des journaux de Terre-Neuve-et-Labrador, de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse.

L’Île-du-Prince-Édouard : On recense 17 840 personnes bilingues à l’Ile-du-Prince-Édouard, une augmentation de 5% de 2011 à 2016. Les francophones, en forte majorité originaires de l’ile, sont surtout installés dans le comté de Prince et de Queens.

La présence francophone de l’Ile date du début du 18e siècle. Depuis 1919, la société Saint-Thomas-d’Aquin veille à faire rayonner les communautés acadienne et francophone à l’Île-du-Prince-Édouard.

Nouvelle-Écosse : Une infime partie de la population forme la communauté francophone de la Nouvelle-Écosse — ici, 10% de la population se dit bilingue. La majorité des parlants français habitent Halifax ou le sud de la province. On dénombre approximativement 5500 élèves dans les 22 écoles publiques de langue française.

Terre-Neuve-et-Labrador : La majorité des francophones de Terre-Neuve-et-Labrador proviennent d’ailleurs au Canada ou de l’étranger — un peu moins du quart sont originaires de la région.

Les premières politiques gouvernementales concernant les services français sont récentes: elles remontent à 2015. Néanmoins, la province célèbre plusieurs évènements francophones comme les Jeux d’hiver franco-labradoriens ainsi que la journée de la francophonie, le 30 mai.

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Dans l’Ouest canadien

Bien que l’Ouest canadien soit majoritairement anglophone, cela n’empêche pas l’existence de fortes communautés francophones. Selon les recensements de 2011 et de 2016, le français serait en hausse en Alberta et en Colombie-Britannique.

Manitoba : Lorsque le Manitoba s’est joint à la fédération canadienne en 1870, il y avait presque autant de francophones que d’anglophones. Le nombre de francophones a par la suite été dilué durant les années 1890 avec une arrivée massive d’anglophones et d’immigrants de l’Europe de l’Est.

Le français avait alors été abrogé de son statut officiel jusqu’en 1979 suites à une décision de la Cour suprême.

La communauté franco-manitobaine est toutefois demeurée très vivante. Depuis 2011, le nombre d’élèves qui fréquentent une école de langue française est en hausse de 8,9%. Par exemple, la Loi sur l’appui à l’épanouissement de la francophonie manitobaine a été adoptée en 2016.

Aujourd’hui, la majorité des Franco-Manitobains sont de souche manitobaine.

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Des journaux de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba.

Saskatchewan : Comme leurs voisins du Manitoba, les Fransaskois sont majoritairement nés dans leur province — à 56%. Ce qui veut dire qu’une forte proportion — environ 42% — provient d’ailleurs.

En 2003, le gouvernement de la Saskatchewan s’est doté d’une politique pour accroitre le développement et la vitalité de la communauté francophone. Le gouvernement provincial avait par ailleurs décrété l’année 2012 comme étant l’année des Fransaskois.

Les Fransaskois sont surtout présents dans les villes de Saskatoon, Biggar, Regina, Prince Albert, et Moose Mountain.

Alberta : Un faible pourcentage de la population albertaine est bilingue. N’en demeure pas moins que des augmentations considérables ont été notées lors du recensement de 2016.

La moitié des francophones de l’Alberta provient d’ailleurs au Canada, et la province attire beaucoup d’immigrants francophones originaires d’Afrique. Cette diversité vient accroitre l’importance démographique de la communauté franco-albertaine, qui s’affiche de plus en plus.

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En 2017, le drapeau franco-albertain fut officiellement reconnu comme symbole aux termes de l’Emblems of Alberta Act. On célèbre aussi la fête franco-albertaine au début du mois de juillet.

Colombie-Britannique : La Colombie-Britannique connait aussi des augmentations significatives des populations francophones. De 2006 à 2016, 21% plus de gens parlaient français à la maison et 9% plus de gens avaient le français comme langue maternelle.

Cependant, la communauté francophone en Colombie-Britannique est surtout constituée de francophones en provenance d’ailleurs au Canada ou bien de l’étranger.

Des journaux du Nord et de l’Est de l’Ontario.

En Ontario

Les quelque 622 340 Franco-Ontariens forment la communauté francophone en situation minoritaire la plus importante au Canada. Près du quart de la population de la province se dit bilingue, ce qui représente environ 1,5 million de personnes, en hausse depuis 2011.

Les Franco-Ontariens habitent principalement les grandes villes de la province, soit Ottawa et Toronto, mais aussi dans l’Est ontarien et le nord-est de l’Ontario.

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L’histoire de la communauté franco-ontarienne a été marquée par plusieurs épisodes sombres, comme le Règlement XVII qui interdisait l’enseignement en français dans les écoles et la menace de fermeture de l’Hôpital Montfort.

En 2018, de grands rassemblements ont été organisés pour protester contre des coupes budgétaires du gouvernement de l’Ontario visant le projet d’Université de l’Ontario français et le Commissariat aux services en français.

SOURCES : Commissariat aux langues officielles; Le français et la francophonie au Canada, Statistique Canada; recensement 2016 de Statistique Canada.

Auteur

  • Charles-Antoine Côté

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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