Poilievre et francophonie: attentes et questionnements

Pierre Poilievre, conservateur
Le chef conservateur Pierre Poilievre. Photo: Inès Lombardo, Francopresse
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Publié 16/09/2022 par Inès Lombardo

La première semaine de Pierre Poilievre à la barre du Parti conservateur du Canada a été pour le moins mouvementée: défi lancé à Justin Trudeau, contre-attaques du premier ministre et départ d’un député du caucus conservateur.

Dans un tel contexte, quelles sont les attentes des organisations francophones à l’égard du chef nouvellement élu?

Parmi la dizaine d’organisations francophones du pays contactées par Francopresse, seules deux ont souhaité s’exprimer sur leur future collaboration avec Pierre Poilievre.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), par la voix de sa présidente Liane Roy, a assuré que  c’était «encourageant d’entendre le discours de Pierre Poilievre sur la langue française. Il a fait un clin d’œil à ses origines francophones et au fait que ses enfants fréquentent des garderies francophones.»

Forum des leaders, FCFA
La présidente de la FCFA, Liane Roy.

«Donner la chance au coureur»

Liane Roy souhaite le rencontrer «le plus rapidement possible» pour savoir «quels genres d’engagements» le nouveau chef prendra à propos des langues officielles et de l’immigration francophone.

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Elle va s’assurer que «M. Poilievre connaît les enjeux des francophones en situation minoritaire. Il faut donner la chance au coureur.»

Au cours de l’entrevue, la présidente de la FCFA a précisé que les députés conservateurs Alain Rayes et Joël Godin «connaissent nos demandes».

Peu de temps après, Alain Rayes a toutefois démissionné du Parti conservateur du Canada, ne s’identifiant plus à la formation politique depuis l’élection de Pierre Poilievre.

Alain Rayes, député désormais indépendant de Richmond-Arthabaska.

Départ du député québécois Alain Rayes

Le premier discours du nouveau chef devant son caucus, le 12 septembre, s’est voulu rassembleur. «Peu importe pour qui vous avez voté dans la course à la chefferie, nous faisons tous partie de la grande famille conservatrice.»

Pourtant, le lendemain, le député conservateur de Richmond–Arthabaska, Alain Rayes, a claqué la porte du parti pour siéger comme indépendant. Il avait appuyé la candidature de Jean Charest dans la course à la chefferie.

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Alain Rayes a dénoncé des «discours toxiques, irrespectueux, haineux, même menaçants à certains moments. Je ne me retrouve plus dans ma propre formation politique», a-t-il avoué au moment de quitter le parti.

«M. Rayes a décidé de ne pas combattre l’inflation de Justin Trudeau», a déclaré Pierre Poilievre le lendemain en point de presse. «Les citoyens du comté d’Alain Rayes sont d’accord [pour combattre l’inflation]. Ils ont voté pour moi dans la course à la chefferie. Je pense que tous les conservateurs qui restent sont du même avis», a-t-il proclamé.

Quelle position sur les langues officielles?

La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) est sensiblement du même avis que la FCFA.

Pierre Poilievre, conservateur
Nicole Dubois.

Sa vice-présidente, Marie-Nicole Dubois, souligne qu’elle n’a pas entendu la position officielle de Pierre Poilievre sur les langues officielles du pays. Mais elle «ose espérer qu’il est sensibilisé à nos défis et qu’il comprend la plus-value du fait français au Canada».

«On revient de loin comparé à [l’époque Harper]», ajoute-t-elle. «On dirait que les conservateurs considèrent les langues officielles comme secondaires. C’est mis sur la glace à la première occasion.»

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La FFCB attend des conservateurs qu’ils «reprennent la place dans les discussions non partisanes au sujet de la du projet de C-13 [sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles], qu’on aimerait voir adopter avec Noël».

Amendements au projet de réforme de la LLO

L’organisation britanno-colombienne souhaite aussi que le Parti conservateur accepte des amendements au projet de loi C-13, notamment l’ajout «d’un pendant en français dans les ententes entre le fédéral et les provinces», et qu’il reconnaisse l’importance d’avoir une entité gouvernementale responsable des langues officielles.

«Nous souhaitons aussi que l’équipe nationale nommée par Pierre Poilievre soit davantage présente au niveau des langues officielles», ajoute Marie-Nicole Dubois.

Pierre Poilievre n’a pas abordé les attentes exprimées par la FCFA et la FFCB, ni pendant la course à la direction, ni depuis son élection.

Pierre Poilievre, conservateur
Le chef conservateur Pierre Poilievre. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

Le coût de la vie en étendard

Le nouveau chef s’est concentré sur les difficultés économiques des Canadiens, que ce soit du point de vue du logement, des taxes ou de l’augmentation de la facture d’épicerie.

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«Je vous lance un défi, M. Trudeau. Si vous comprenez véritablement la souffrance des Canadiens, engagez-vous aujourd’hui pour éviter l’augmentation des taxes ou impôts pour les travailleurs et les aînés», a lancé Pierre Poilievre à Justin Trudeau en point de presse.

En retour «au premier ministre et à sa coalition radicale woke [en référence à l’alliance entre le NPD et les libéraux, NDLR]», Pierre Poilievre s’est engagé à collaborer avec tous les partis pour faire avancer l’intérêt des Canadiens. «Mais nous ne ferons pas de compromis sur l’augmentation des taxes», a-t-il nuancé.

Le premier ministre Justin Trudeau. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

Un dollar d’économie pour un dollar dépensé

À une semaine de la reprise des travaux parlementaires pour l’automne, il a également proposé que le gouvernement trouve un dollar d’économie pour un dollar dépensé. «Le peuple est le maître et le gouvernement est le serviteur», a-t-il conclu sous les applaudissements de son caucus.

Depuis la retraite de son caucus à Saint Andrews au Nouveau-Brunswick, Justin Trudeau a voulu démontrer que son gouvernement aussi tenait compte de la souffrance économique des Canadiens,

Il a en effet annoncé que son gouvernement entendait prendre trois grandes mesures pour pallier l’augmentation du coût de la vie: doubler le crédit pour la taxe sur les produits et services durant six mois, instaurer une prestation dentaire pour certains enfants de moins de 12 ans, et offrir un supplément unique de 500 $ aux locataires qui peinent à payer leur loyer.

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Pierre Poilievre, conservateur
Les nouveaux dirigeants du caucus conservateur autour de Pierre Poilievre (au centre). Photo: Twitter Pierre Poilievre

L’équipe «contre l’inflation» nommée par Pierre Poilievre

Pierre Poilievre a nommé neuf de ses députés aux postes-clé de son caucus. Il baptisé cet exécutif «l’équipe pour contrer l’inflation». Elle compte quatre francophones.

Melissa Lantsman, députée ontarienne parfaitement bilingue, et Tim Uppal, député albertain, sont les nouveaux chefs adjoints du Parti conservateur du Canada.

L’ex-chef de la formation conservatrice Andrew Scheer agira comme leader à la Chambre.

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