Des plaques commémoratives dédiées à Suzanne Louverture en France

Le projet de deux Torontois

Haïti, Louverture
Château du Parc où vécut Placide Louverture, fils de Suzanne Louverture, avec son épouse Joséphine de Lacaze à Astaffort, dans le Sud-Ouest de la France. Photo: Gabriel Osson.
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Publié 08/03/2022 par Annik Chalifour

Deux Torontois d’origine haïtienne, l’écrivain Gabriel Osson et le conseiller financier Dave Champagne, lancent une campagne de financement visant à amasser 4 300 $ (3 000 euros) pour des plaques commémoratives en France à la mémoire de l’épouse et du fils de Toussaint Louverture, le pionnier de l’indépendance haïtienne.

Ces plaques «perpétueraient le souvenir d’une famille noire exilée en France dans un monde de blancs à l’ère de l’esclavage», souligne Gabriel Osson.

Rappelons qu’il entreprend le projet d’écrire un roman historique portant sur l’histoire méconnue de Suzanne Louverture et ses fils déportés à Agen, dans le Sud-Ouest de la France, en 1803.

Haïti, plaques, Suzanne Louverture
Gabriel Osson, Dave Champagne.

Liens entre Haïti et le Sud-Ouest de la France

Son roman vise d’une part à capter l’expérience de vie de Suzanne Louverture et ses fils exilés.

Mais aussi à retracer les liens étroits méconnus entre Haïti et cette région française qui recèle des sites historiques importants pour le patrimoine haïtien.

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Gabriel Osson partira en France fin mars afin de poursuivre ses recherches sur le terrain, notamment avec le soutien du Conseil des Arts du Canada.

Il séjournera à Bordeaux dans un premier temps, où vécut Isaac Louverture, l’un des trois fils de Suzanne Louverture, et son épouse Louise Chancy.

Haïti, Toussaint Louverture, Gabriel Osson
Gabriel Osson au château du Parc où Placide Louverture, fils de Suzanne Louverture, vécut avec son épouse Joséphine de Lacaze à Astaffort. Photo: Dieufaite Charles.

Seule Suzanne Louverture restera Agenaise

Après la capture de Toussaint Louverture au Cap-Haïtien par les Français, et sa déportation avec sa famille en France, il fut enfermé au Fort de Joux dans le Jura le 14 juillet 1802. Il y est mort l’année suivante.

Haïti, Toussaint Louverture, Gabriel Osson
Le plus plausible des portraits de Suzanne Simon Baptiste Louverture.

Son épouse et ses enfants sont expédiés à Bayonne, puis à Agen. Suzanne Louverture, ses trois fils Placide, Isaac et Saint-Jean, ainsi qu’une cousine fiancée de Placide et une bonne, arrivent dans cette ville.

«Seule Suzanne Louverture restera Agenaise, de force, jusqu’à sa mort à l’âge d’environ 75 ans. Elle fut enterrée en 1816 dans un cimetière situé, alors, à l’emplacement actuel de la gare d’Agen», rapporte Gabriel.

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«Ce cimetière fut totalement détruit. Et il ne reste rien, ni souvenir ni plaque, pour rappeler la mémoire de cette famille exilée par Bonaparte et maintenue en détention par Napoléon.»

Les trois fils de Suzanne Louverture

Saint-Jean est mort à Agen en 1803 à l’âge de 13 ans.

«Placide (1781-1842), fils de Suzanne et reconnu par Toussaint, épousa Joséphine de Lacaze issue de la noblesse à Astaffort (Sud-Ouest de la France) en mai 1821. Leurs deux enfants, Rose et Armand, eurent des descendants», détaille Gabriel Osson.

«Isaac Louverture (1782-1854), fils de Suzanne et de Toussaint, s’est marié avec Louise Chancy, sa cousine, à Agen. Puis il a déménagé à Bordeaux. Isaac et Louise n’ont pas eu d’enfants.»

«Plusieurs correspondances officielles notent le passage de Suzanne et sa famille dans la région. Certaines copies sont aux Archives départementales du Lot-et-Garonne, d’autres aux Archives nationales de France.»

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«Ces archives nous permettent d’avoir une fenêtre sur sa vie et celle de sa famille au-delà d’Haïti.  Les bâtiments où ils ont vécu sont connus grâce à ces archives.»

France
Astaffort, au sud d’Agen.

Plaques commémoratives à Agen et Astaffort

Par ailleurs, Haïti Futur Canada collabore avec l‘Association Astaffort tourisme, la Mairie d’Agen et Sylvie Pourcel du Théâtre au bout des doigts pour l’installation d’un buste de Toussaint Louverture à Agen. L’oeuvre est de Filipo, un jeune sculpteur haïtien.

Le projet implique l’installation de plusieurs plaques commémoratives dans les résidences de la famille à Agen et à Astaffort.

«Nous souhaitons que les amis d’Haïti du Canada, de France et d’ailleurs, ainsi que les Haïtiens de la diaspora, puissent nous aider à atteindre notre objectif de recueillir les fonds nécessaires dans ce délai assez court», expliquent Gabriel Osson et Dave Champagne.

France
Le centre historique de la ville d’Ajen, en Lot-et-Garonne, France.

Dévoilements

Les plaques pourraient être dévoilées en avril 2022, et le buste en mai 2023.

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Tous les fonds supplémentaires reçus pour les plaques serviront à compléter le financement de la création du buste de Toussaint… Et éventuellement d’un buste de Suzanne Louverture, qui serait érigé lui aussi à Agen.

Info: [email protected]

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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