Le jury a rendu son verdict le 8 mars et c’est à Plant Architect Inc., conjointement avec Shore Tilbe Irwin, que revient l’honneur de réaménager la place Nathan Phillips. En dépit des ressemblances qui rapprochaient trois des quatre projets retenus pour l’étape finale du concours, on peut supposer plusieurs raisons qui expliquent la préférence du jury.
La faiblesse de certains projets qui amoncelaient des éléments divers, comme s’il avait fallu couvrir la vaste étendue qui s’offrait aux concurrents, les a sans doute vite écartés. Certains avaient troqué la dignité qui sied à la première place publique pour le tape-à-l’œil d’un terrain de foire.
Rogers Marvel Architects étaient les seuls à présenter un parti simple en dégageant la place. Ils maintenaient toutefois le jardin de la paix à son emplacement, et cela ne milita sûrement pas en leur faveur. Peut-être aussi péchèrent-ils par témérité en modifiant partiellement la forme de la place, même s’ils lui conféraient un contour clairement défini qui n’était pas inapproprié au contexte.
Le projet primé conserve intégralement la forme de la place. Il ajoute même un usage au pavillon d’habillage en aménageant une terrasse sur son toit plat. Les éléments qu’il introduit sont peu nombreux, mais ils sont envahissants en plus de fragmenter la place et de rendre indéfinie sa limite occidentale.
Quelques morceaux s’avèrent ingénieux voire séduisants lorsqu’on les apprécie isolément. Le projet offre aussi l’avantage de pouvoir être réalisé par étapes, ce que le maire, qui dispose présentement de moins de la moitié de la somme requise, n’a pas manqué de souligner. Cette situation peut susciter chez d’autres la crainte que le projet ne soit jamais réalisé entièrement. Mais, au fond, n’est-ce pas ce qu’on devrait plutôt souhaiter?