C’est en 1988 que Pierre Karch publie le roman Noëlle à Cuba. L’ouvrage est salué par la critique mais passe inaperçu auprès des jurys de prix littéraires. Dommage, car il s’agit d’un livre attachant centré sur l’humain, «où l’écriture fait voir sans se faire voir». La réédition de Noëlle à Cuba dans la collection Bibliothèque canadienne-française est une heureuse initiative.
Histoire bien ficelée et bien racontée, Noëlle à Cuba est surtout une réflexion sur le comportement des êtres humains. En plus de nous offrir un brillant tableau de mœurs, Pierre Karch nous donne à lire «un texte dans lequel la littérature pense», pour reprendre l’expression de Pierre Hébert, professeur de littérature à l’Université de Sherbrooke et préfacier de cette réédition.
Une vingtaine de touristes s’aventurent à Cuba pour Noël. Dans ce décor paradisiaque, certains cherchent le repos ou la solitude, d’autres courent après l’amour ou la fortune. Bercés par des moments de tendresse et portés par leurs péripéties quotidiennes, tantôt banales tantôt tragiques, ces personnages sont la pâte à modeler que le romancier pétrit pour sculpter rien de moins que la condition humaine.
Ce qui fait dire au préfacier que, «à travers l’agenda des vies singulières, Pierre Karch livre une profonde et touchante méditation sur le voyage, l’art et la nature humaine».
Il y a, dans ce roman, un écrivain anonyme à travers lequel on découvre indirectement l’auteur même. Cet écrivain souhaite ne jamais être à court de mots et rêve d’offrir un flot continu d’images. Il s’imagine s’endormir au milieu d’une phrase pour la reprendre le lendemain là où il l’avait laissée. Cet écrivain rêve d’être Pierre Karch.