Pergolèse: un génie de la musique italienne

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Publié 19/01/2010 par Gabriel Racle

Il y a 300 ans, le 4 janvier 1710, naissait au sein de la faille Draghi, dans la petite ville italienne de Jessi, province d’Ancône, un garçon que l’on qualifierait plus tard «d’un des génies les plus authentiques du préclassicisme italien», sous le nom de Pergolèse.

La période musicale préclassique prend corps vers 1720, lorsque les musiciens de la nouvelle génération trouvent le mode baroque en vogue trop rigide et trop intellectuel, et préfère une expression musicale plus spontanée. La réaction contre le style baroque s’est manifestée sous des formes variées en France, avec le courant rococo ou de style galant, comme celui de Couperin.

En Allemagne apparaît le style dit sentimental (empfindsamer Stil). En Italie, le style préclassique n’a pas de nom spécifique, mais les compositeurs contribuent au développement de genres nouveaux, comme la symphonie, ou de pièces instrumentales en trois mouvements, dont la structure deviendra ultérieurement la sonate.

Pergolèse s’illustrera dans ce genre. Il doit ce nom, Giovanni Battista Pergolesi, à la ville de Pergola d’où sa famille était originaire. La vie de celui que le XVIIIe siècle appellera le «divin Pergolèse» est restée longtemps mystérieuse.

Un excellent petit livre de Patrick Barbier, fait le point: Jean-Baptiste Pergolèse, Fayard, 118 p. L’auteur fait la part des faits et de la légende, et situe le personnage dans son cadre historique. C’est le livre à lire pour découvrir Pergolèse.

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Un chef-d’oeuvre pour terminer ses études

D’origine modeste, un grand-père cordonnier, un père géomètre, il est dès sa naissance de santé fragile. Un violoniste lui donne ses premiers cours de violon et le maître de chapelle de la cathédrale de Jessi ceux de théorie élémentaire.

L’architecte pour lequel travaille son père et de riches aristocrates lui permettent d’entrer au conservatoire de Naples (1723-1731). Il y devient chanteur puis violoniste et il participe à l’enseignement des élèves moins avancés.

Il termine ses études à 21 ans et présente, comme chef-d’œuvre de fin d’études, un drame sacré, la Conversatione di San Guglielmo d’Acquittana, qui connaît un grand succès et lui vaut immédiatement la commande d’un opéra pour le théâtre San Bartolomeo: Salustia, opéra en 3 actes.

«C’est le premier opéra que Pergolèse a composé. Sa musique d’une grande force d’expression, annonciatrice de beaux moments, nous guide: la musique d’un tout jeune homme qui exprime la poésie qui pense et se déploie… une manière de tenir en éveil sa pensée et sa réflexion.» (Jean-Paul Scarpitta, metteur en scène, 2008).

Musique profane, musique sacrée

À l’époque, passer d’une musique à l’autre était chose courante et le profane et le sacré montraient ainsi une certaine proximité. En 1732, Pergolèse produit une comédie musicale, Lo fraie ‘nnamorato (Le frère amoureux), qui connaît un vif succès.

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À la fin de 1732, un violent tremblement de terre secoue Naples, et l’on organise des services religieux de supplication et de pénitences. Pergolèse compose alors une Messe solennelle à dix voix, double chœur, deux orchestres et deux orgues, ainsi que des Vêpres solennelles à cinq voix.
Il est aussi l’auteur d’une messe romaine, exécutée pour la première fois à Rome en mai 1734.

Une messe pour deux orchestres, deux orgues et deux chœurs qui «confirme le génie de ce compositeur qui, s’il avait eu la richesse de production et la longévité de Mozart (mourir à trente-cinq ans au lieu de vingt-six), confirmait qu’il était certainement son rival le plus sérieux… Cette messe traduit à merveille les inventions harmoniques et l’élégance des compositions de Pergolèse. Tout cela se déploie de façon limpide, comme évidente. Une pure merveille.». (Philippe Delaide, critique musical, 24 janvier 2009)

Il a composé d’autres œuvres sacrées, messes, motets, hymnes et un superbe Stabat Mater, ainsi que plusieurs opéras et des intermezzi, de petites farces, joués pour distraire le public durant les entractes. Le plus célèbre est La Serva padrona (La servante maîtresse), devenu œuvre autonome qui, jouée à Paris, donnera lieu à une de ces spécialités parisiennes, une querelle, dénommée «Querelle des bouffons» (1752-1754), opposant les défenseurs de la musique française aux partisans de «l’italianisation» de l’opéra français.

Réputation, rumeurs et imitateurs

En 1735, la santé de Pergolèse décline. L’année suivante il se retire dans un couvent des Capucins, près de Naples. Il compose Coi Cappuccini di Pozzuoli, un Salve Regina et le Stabat Mater. Atteint de tuberculose, il meurt en 1736 à 26 ans.

Pergolèse a connu un immense succès. On lui a attribué beaucoup d’œuvres qui ne sont pas de lui. On lui en reconnaît une trentaine sur 300, ce qui témoigne de sa réputation, sans parler d’imitateurs incapables de l’égaler.

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«Avec ses cinq brèves années de composition, qui semblent un bien triste record à l’échelle de l’histoire de la musique, Pergolèse a été comme une étoile filante dont l’éclat n’a pas fini de nous émerveiller.» (Patrick Barbier)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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