Passer de l’école française à l’école anglaise: surtout à cause des amis

Simon Laflamme, professeur titulaire au département de Sociologie de l'Université Laurentienne, et Julie Boissonneault, professeure agrégée au département de Français. (Photo: Josée Perreault)
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Publié 07/11/2017 par Paul-François Sylvestre

En 2013-2014, quelque 2 000 jeunes ont quitté une école de langue française en Ontario pour une école de langue anglaise ou d’immersion. Deux professeurs de l’Université Laurentienne ont mené une enquête pour comprendre ce déplacement, qui affaibli la vitalité de la communauté franco-ontarienne.

L’enquête a été menée dans 28 écoles publiques ou catholiques du Nord, du Sud et de l’Est ontariens. Y ont participé 862 élèves, 1 077 amis de ceux-ci, 216 parents et 121 enseignants. Ce sont donc 2 276 questionnaires qui ont été remplis.

Le passage d’une école à l’autre se fait en 6e, 8e ou 10e année et fragilise évidemment la reproduction de la communauté franco-ontarienne. Les professeurs Simon Laflamme et Julie Boissonneault ont analysé plusieurs facteurs sociolinguistiques et ont découvert que l’influence des amis, des parents et des enseignants joue un rôle déterminant.

La proximité d’une école et le choix plus nombreux de programmes ne pèsent pas aussi lourds que ce à quoi on pourrait s’attendre. L’influence de la mère, plus que celle du père, compte pour beaucoup dans la décision d’un enfant. L’encouragement donné par un enseignant entre aussi en ligne de compte.

L’analyse des réponses au questionnaire démontre que ce n’est pas parce qu’un élève n’aime pas lire en français qu’il n’aimera pas des films de langue française. «L’enfant de 11-15 ans vit énormément de paradoxes», de préciser Simon Laflamme.

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Si le jeune envoie plus de textos en français qu’en anglais, il a peu de chance de passer vers une école de langue anglaise ou d’immersion. C’est évidemment l’inverse s’il pense que la science se fait en anglais seulement, peu importe le pays, ou que «le reste du monde est anglais».

L’étude de Laflamme et Boissonneault indique que le comportement des jeunes ne varie pas tellement d’une région à l’autre. Le passage vers l’école de langue anglaise n’est pas beaucoup plus élevé dans le Sud, comparativement à l’Est et au Nord.

Bien que le ministère de l’Éducation ait une politique d’aménagement linguistique depuis une décennie ou deux, l’enquête démontre que l’école doit faire plus pour valoriser la francophonie. Elle doit être proactive. «C’est l’école et la famille qui appellent la francité», de souligner Laflamme et Boissonneault.

Les deux professeurs de l’Université Laurentienne ont rencontré les hauts fonctionnaires du ministère et ont recommandé des ajustements à la politique d’aménagement linguistique, notamment afin d’assurer une «diversité d’expériences socialisantes dans différents contextes socioculturels, en accordant une attention particulière aux médias sociaux» et de contrer l’idéologie d’un «bilinguisme de service» et capitaliser sur un milieu qui vise un «bilinguisme additif».

Facteurs déterminants de l'intention de poursuivre ses études dans les écoles franco-ontariennes, selon Simon Laflamme et Julie Boissonneault.
Facteurs déterminants de l’intention de poursuivre ses études dans les écoles franco-ontariennes, selon Simon Laflamme et Julie Boissonneault.
Facteurs de rétention ou de risque, selon Simon Laflamme et Julie Boissonneault.
Facteurs de rétention ou de risque, selon Simon Laflamme et Julie Boissonneault.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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