La Québécoise Suzanne Gagnon vient de publier son premier roman chez un éditeur franco-ontarien. Passeport rouge est paru aux Éditions David, à Ottawa. Ce roman jette un regard dramatique sur la condition des femmes de confession musulmane et sur notre capacité de juger une telle condition à partir d’un point de vue purement occidental.
Anna, l’héroïne du roman, est mariée depuis peu à un diplomate canadien quand celui-ci l’oblige à abandonner sa vie et sa carrière prometteuse de pianiste pour le suivre en Algérie. Commence alors pour Anna une lente descente en enfer.
Presque obligée de se murer dans sa résidence – malgré son passeport diplomatique –, elle doit faire face à l’hostilité des hommes et du voisinage qui lui renvoient avec mépris son image de femme occidentale.
Anna a nulle part où aller, personne à qui parler. Elle est enfermée entre des murs qui accentuent «la distance entre l’Orient et l’Occident, entre le monde chrétien et le monde musulman, entre une société démocratique et une société totalitaire.»
Elle vit péniblement chaque journée selon un rythme ou un menu qui ne varie guère: impuissance, désespoir, humiliation, censure. Et une mitraillette braquée sur elle à chaque tournant de rue. Résultat: «J’ai peur de tout, y compris de moi-même.»