Où va la musique contemporaine?

Philippe Leroux définit son style

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Publié 08/12/2009 par Vincent Muller

Lors d’une conférence à l’Alliance française jeudi dernier, le compositeur français Philippe Leroux est revenu sur son parcours artistique tout en expliquant l’évolution de ses compositions parallèlement aux principaux courants de la musique contemporaine du vingtième siècle. De passage à Toronto pour quelques jours il a également donné un concert dimanche soir à la Music Gallery sur la rue John.

Philippe Leroux a commencé à toucher à la composition dès l’âge de 11 ans. Vers l’âge de 13 ou 14, sous l’influence de son frère ingénieur du son, il a eu l’occasion de travailler sur la musique, «d’enregistrer, couper et inverser» et a pu continuer, quelques années plus tard, à développer ses talents au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

Aujourd’hui compositeur reconnu, titulaire de nombreux prix, il donne des conférences et des concerts au quatre coins du globe, a enseigné la composition à l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM) à Paris, et à l’université McGill à Montréal.

Actuellement enseignant à l’Université de Montréal, il était de passage à Toronto pour un concert et a fait un petit détour par l’Alliance française afin de parler de ses compositions et de son style en mettant son évolution en relation avec les différents courants de la musique contemporaine qui l’ont influencé durant sa carrière.

À l’âge de 50 ans, il a composé une cinquantaine d’œuvres acousmatiques, vocales, de musique de chambre, pour orchestre symphonique ainsi que pour dispositifs électroniques. Ces œuvres, commandées par des institutions telles que, entre autres, le ministère français de la culture, l’IRCAM, la radio SWR de Baden-Baden en Allemagne, ou l’Orchestre Philharmonique de Radio France, ont été jouées dans le cadre de grands festivals internationaux.

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Alors que Philippe Leroux était au Conservatoire national supérieur de musique de Paris à la fin des années 1970, début des années 1980, le mouvement dominant de l’époque était le sérialisme, «un mouvement de la musique allemande avec une pensée structuraliste dominante au détriment de la perception de la musique, avec des interdits assez forts», juge le compositeur..

«Je ne me retrouvais pas dans ça, pour moi il fallait rechercher l’équilibre entre structure, forme et émotions et perception», continue-t-il.

Bon nombre de compositeurs ont influencé ses créations, notamment Tristan Murail et Gérard -Grisey considérés comme étant les principales figures du spectralisme, un courant qui s’est développé en particulier grâce aux progrès de l’informatique musicale.

Développant ces concepts, il a travaillé sur des compositions avec une «logique d’organisation, de structure, mais pas au détriment de la perception et de l’émotion» imaginant des créations «proches du langage humain».

Selon le compositeur, la musique contemporaine en France avait repoussé la consonance. Lui travaille dessus et tente de «réinvestir la question de la consonance, avec une harmonie, sans revenir aux créations du XIXe siècle». «On est dans le domaine du consonant mais avec une transformation perpétuelle du son», précise-t-il.

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En effet, pour le compositeur, «la musique est une évolution perpétuelle». Ainsi il a beaucoup travaillé sur la notion de processus de transformation continue.

Pour étayer ses explications parfois compliquées sur le processus de composition, Philippe Leroux est venu muni de démos grâce auxquelles il était relativement aisé de comprendre, par exemple, ce que signifie pour l’artiste un «processus de transformation continue à partir d’une pulsation pour arriver à un mouvement progressif, à quelque chose de plus consistant».

Durant cette conférence, le compositeur a également évoqué la composition de la pièce Voi(REX) jouée dimanche dernier.

Pour lui, la composition musicale doit être en rapport avec le geste. Il a donc créé la pièce à partir de mouvements sonores liés à un geste humain: les sons ont été déterminés à partir de phrases écrites sur une partition.

Ce sont les lettres qui structurent toute la pièce dont les sons ont été produits en se basant notamment sur l’inclinaison du stylo et la vitesse des mouvements lors de l’écriture de chaque lettre, ceci ayant été bien entendu calculé à l’aide de logiciels informatiques.

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