Ah l’amour… La découverte de l’autre, le refus, la jalousie et l’orgueil sont des étapes qui jalonnent la vie et construisent l’expérience, parfois douloureuse de chaque être humain. Voilà maintenant plus de 150 ans qu’Alfred de Musset a écrit On ne badine pas avec l’amour et la pièce a gardé toute sa saveur. Les émotions traversent le temps puisqu’elles décrivent les relations amoureuses et la recherche de soi. Présentée jusqu’au 8 novembre par le Théâtre français de Toronto, l’oeuvre mise en scène par Diana Leblanc réjouit le public.
Fraîchement détenteur d’un doctorat obtenu à Paris, le jeune Perdican (Nicolas Van Burek, le fils du directeur artistique du Théâtre du P’tit Bonheur, ancêtre du TfT) retrouve les terres de son enfance chez le baron son père (Raymond Accolas). Sa jeune cousine Camille (Julie Le Gal) revient quant à elle du couvent où elle recevait son éducation.
Fier et charmeur, Perdican complimente tout de suite Camille sur sa beauté, lui qui ne l’a plus revu depuis des années. Mais le passé commun des deux cousins ne semble plus toucher Camille. Perdican s’en offense et s’en désole. Ce séducteur invétéré n’accepte pas le refus de Camille de succomber à ses charmes. Le château de leur enfance devient un instant le tombeau de leur amour, amour que le père de Perdican comptait bien finaliser par un mariage.
Maître Bridaine (John Gilbert), le curé du village, Maître Blazius (Robert Godin), le gouverneur de Perdican, et Dame Pluche (Louise Nolan), la gouvernante de Camille, participent à ses retrouvailles ratées tout en essayant de préserver leurs positions, leurs privilèges. Les accrochages qui surviennent entre ces personnages secondaires et typiques de l’Ancien Régime français, le curé et le gouverneur bons vivants qui essaient de s’attirer les bonnes grâces du Baron, la gouvernante pieuse et prisonnière de sa vie solitaire, apportent de la légèreté dans une pièce dominée par le dramatique de la situation que vivent Perdican et Camille.
La situation s’envenime et l’orgueil des deux personnages principaux Perdican et Camille – De Musset s’est sans doute inspiré de l’amour qu’il éprouvait pour Georges Sand – les empêchent de se dire honnêtement ce qu’ils peuvent ressentir l’un pour l’autre. S’en suit des situations singulières où chacun se convainc que l’autre porte tous les torts. Perdican noie son désespoir, qu’il refuse malgré tout d’admettre, en courtisant Rosette (Mélanie Beauchamp), une paysanne vivant sur les terres familiales.