On a marché sur la Lune : les arguments de ceux qui en doutent

Buzz Aldrin, photographié par Neil Armstrong, le 20 juillet 1969. Photo: NASA
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Publié 20/07/2019 par Pascal Lapointe

Il y a sûrement très peu de gens, dans votre entourage, qui pourraient profiter du 50e anniversaire des premiers pas sur la Lune pour vous faire savoir qu’ils n’y croient pas, et pour vous présenter ce qu’ils estiment être des «preuves» qu’il s’agit d’un gigantesque canular. Mais comme il faut être prêt à tout, voici quelques-unes de leurs preuves et quelques réponses à y apporter.

On ne voit pas d’étoiles sur les photos prises sur la Lune, c’est la preuve qu’elles ont été prises en studio

Réponse en deux mots : temps d’exposition.

Avez-vous déjà vu des étoiles sur vos photos nocturnes? Pour y arriver, il faut un appareil réglé avec un temps d’exposition de quelques minutes.

Prendre des clichés sur la Lune n’était pas une tâche facile: soit le Soleil était bas à l’horizon, produisant un paysage lunaire brillamment éclairé, soit les astronautes prenaient des photos de leur collègue au scaphandre tout blanc, ou d’un phénomène géologique proche.

Toutes des conditions nécessitant un temps d’exposition se mesurant en fraction de seconde, et non pas en minutes.

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Comme l’expliquait (en 2001!) l’auteur et blogueur Keith Mayes, «si l’obturateur de la caméra avait été gardé ouvert assez longtemps pour que les étoiles apparaissent, tout le reste aurait été surexposé dans un blanc éblouissant».

Puisque le module lunaire a balayé toute la poussière en alunissant, il ne devrait plus en rester assez dans les parages pour que les bottes des astronautes laissent des empreintes.

Réponse en deux mots : absence d’air.

Sur les films montrant les dernières secondes avant les alunissages, on voit effectivement un nuage de poussière soulevé par le réacteur qui freine alors la descente. Ce réacteur ne devrait-il pas avoir été l’équivalent d’un aspirateur géant laissant une surface toute propre?

Sur Terre, un tel aspirateur ne serait pas seul à déplacer la poussière: l’air qui nous entoure serait lui aussi «déplacé» par l’aspirateur et ajouterait ainsi aux mouvements de la poussière. Mais sur la Lune, en l’absence d’air, les seuls grains de poussière «perturbés» sont ceux qui se retrouvent directement sous le flux du réacteur.

Tous les autres restent sagement là où ils sont. On remarque d’ailleurs sur certaines images un halo immédiatement sous le module.

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Sur les photos, les ombres ne sont pas parallèles, comme elles devraient l’être si le Soleil était la seule source d’éclairage. Donc, on est dans un studio avec des projecteurs.

Réponse en un seul mot : perspective.

Des photos, comme celle-ci d’Apollo 14, semblent effectivement montrer des ombres — les roches d’une part, le module d’autre part — qui ne vont pas exactement dans la même direction.

Mais c’est une illusion d’optique que reconnaîtront tous les photographes et tous les peintres paysagistes: la direction que semblent prendre les ombres dépend en partie du point de vue de l’observateur — et le phénomène est amplifié lorsque les ombres sont particulièrement longues, dû au fait que le Soleil est bas sur l’horizon.

Par ailleurs, cet argument des projecteurs contient une contradiction: s’il y avait plus d’une source d’éclairage, il devrait y avoir plus d’une ombre pour chaque objet…

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Deux photos différentes d’Apollo 15, prises d’endroits différents, montrent pourtant la même montagne

Réponse en un seul mot : perspective (encore).

Sur la première photo, le module lunaire est à une vingtaine de mètres. La montagne, à des kilomètres. Sur la seconde photo, l’astronaute s’est déplacé de quelques dizaines de mètres. Le module lunaire est sorti du champ, mais la montagne est toujours à des kilomètres.

Il ne faut pas oublier que les humains jugent la distance en évaluant la taille relative des objets. Sans comparaison, comme c’est le cas dans cette photo, il est plus difficile d’évaluer la distance à laquelle sont ces montagnes.

Si on double la vitesse des films, les astronautes et les jeeps lunaires se comportent exactement comme ils se comporteraient sur Terre

Réponse en deux mots : absence d’air.

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Pour les astronautes, certains sont d’accord avec cet argument, d‘autres, non. L’astronome Phil Plait, qui a déboulonné la plupart des mythes du genre il y a près de 20 ans, considère que même à vitesse double, les humains «n’ont pas l’allure qu’ils auraient s’ils étaient filmés avec la force de gravité terrestre» — une démarche plus saccadée, chancelante.

Pour les jeeps toutefois, poursuit Plait, leur comportement n’est définitivement pas terrien, lorsqu’on observe la poussière rejetée par leurs roues: «La poussière s’élève suivant une parabole parfaite et retombe sur la surface. Si c’était filmé sur la Terre, où il y a de l’air, la poussière aurait ondulé autour de la roue et aurait flotté au-dessus de la surface… C’est en fait une très belle démonstration d’un vol balistique dans un vide.»

Le drapeau flotte au vent

Réponse en un seul mot : pli.

Évidemment, en l’absence d’air, un drapeau ne devrait pas flotter. Y avait-il un courant d’air dans le studio?

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Il y a en particulier cette photo d’Apollo 11 sur laquelle l’astronaute se tient à côté d’un drapeau qui semble onduler.

Il n’ondule pas: il est accroché à une barre horizontale qui n’a pas été complètement déployée, laissant le drapeau avec des plis, comme un rideau qui n’aurait pas été complètement tiré.

La ceinture de radiations qui entoure la Terre aurait tué les astronautes ou les aurait rendus incapables d’accomplir leur mission

Réponse en trois mots: question de dosage

On appelle ce phénomène la ceinture Van Allen, et elle n’est pas un endroit où on vous recommanderait de construire votre maison. C’est effectivement un lieu où les niveaux de radiations sont plus élevés.

Mais tout est une question de dosage: la dose de radiations qui peut traverser la peau des astronautes, sans parler du blindage de la capsule, a été dûment calculée depuis les années 1960, et elle se retrouve bien en deçà du seuil de danger.

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Une des raisons de ces calculs est purement économique: les différents pays ont des satellites en orbite qui valent des milliards de dollars et qui sont devenus indispensables au quotidien — télécommunications, météo, télédétection. Ils veulent savoir à quoi sont exposés leurs engins, qui restent là-haut pas mal plus longtemps que l’astronaute moyen.

Trois autres contre-arguments

Il y a aussi trois autres contre-arguments qui peuvent toujours servir face à vos interlocuteurs.

Les Russes l’auraient dit

Comme l’expression «course à la Lune» le rappelle, il s’agissait, dans les années 1960, d’une compétition entre les deux superpuissances qu’étaient les États-Unis et l’Union soviétique. Si les Américains n’étaient pas allés sur la Lune, leur adversaire n’aurait été que trop heureux de le révéler à la face du monde.

Les sites photographiés

En 2011, la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter a photographié les sites d’Apollo 12, 14 et 17. Apollo 11 a eu son tour l’année suivante. Par ailleurs, des sondes japonaise, indienne et chinoise ont aussi photographié un ou des sites des missions Apollo.

Les roches lunaires rapportées par les différentes missions

Elles ont une «empreinte» qui les distingue des roches terrestres, créée par les rayons cosmiques qui, en l’absence d’atmosphère, bombardent la Lune en permanence depuis des milliards d’années.

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«Il y a des isotopes dans les roches lunaires que nous ne trouvons normalement pas sur Terre, qui ont été créés par les réactions nucléaires avec ces rayons cosmiques à très haute énergie», explique David McKay, du Centre spatial Johnson de la NASA, interrogé par l’ingénieur et blogueur Calvin Hamilton.

Et si on en est aussi sûr, c’est parce que ces roches ont été étudiées au fil du temps par des milliers de scientifiques provenant de dizaines de pays différents.

Buzz Aldrin se fâche

Le mois dernier, au sortir d’une conférence, l’ancien astronaute d’Apollo 11 Buzz Aldrin a frappé un homme qui le harcelait et lui demandait de jurer sur la Bible qu’il était bien allé sur la Lune:

Auteur

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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