Les observateurs voient d’énormes risques dans l’investissement de 4,5 milliards $ du fédéral dans le pipeline Trans Mountain, mais ils reconnaissent qu’Ottawa avait peu d’options. Pris entre des tiraillements économiques et environnementaux, Justin Trudeau devait affirmer l’autorité fédérale dans le développement de projets interprovinciaux. En attendant l’occasion de dorer son blason écologique.
L’administration libérale avait le dos au mur, commente le politicologue Frédéric Boily du Campus Saint-Jean d’Edmonton, en Alberta, après avoir martelé depuis 2015 un discours conciliant la croissance économique et l’innovation écologique.
La pétrolière Kinder Morgan avait donné à Ottawa jusqu’au 31 mai pour trouver une solution à l’impasse dans la construction de l’oléoduc, qui permettrait d’acheminer 890 000 barils de bitume par jour sur plus de 1000 km entre les raffineries d’Edmonton et le port de Burnaby sur la côte ouest.
Pour sauver le projet, porteur de 15 000 emplois durant la construction et du double par la suite, sans compter les redevances d’envergure pour les gouvernements impliqués, il fallait acheter l’infrastructure, estime le politicologue.
Le pire scénario aurait été évité
«Justin Trudeau devait aller de l’avant avec une solution à laquelle on ne s’attendait pas», note le professeur, «à savoir une participation financière des contribuables. Il est courageux. Même si le gouvernement dit ne pas être engagé à long terme dans cette industrie, il y a des risques. Ça pourrait durer plus longtemps et coûter plus cher que prévu; il pourrait y avoir des retombées politiques.»