«Notre système de santé est à la dérive: il faut agir!»

Le président des médecins au Club canadien de Toronto

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Publié 28/10/2008 par Annik Chalifour

Le Dr Robert Ouellet, président de l’Association médicale canadienne, était le conférencier invité du Club canadien de Toronto lors de la 2e conférence de la saison tenue le lundi midi 21 octobre 2008.

Le Dr Ouellet, spécialisé en Radiologie diagnostique, oeuvre dans le secteur public et le secteur privé depuis près de 20 ans. Il s’est joint au conseil d’administration de l’Association médicale canadienne (AMC) en 2003. Le 12 septembre 2007 il fut désigné président 2008 de l’AMC.

Une salle comble regroupant des professionnels de la santé, des représentants de différents organismes communautaires, du gouvernement et du milieu de l’éducation attendaient avec curiosité le discours du Dr Ouellet portant sur un sujet sensible.

Le Dr Ouellet débute en déclarant «je suis touché d’être le premier président de l’AMC à prononcer un discours en français devant l’auditoire francophone du Club canadien à Toronto.»

«Je saisis l’occasion pour souligner que mon beau-père, feu Léo Marceau, père de mon épouse Diane, a fondé le Club canadien d’Oshawa. Il a joué un rôle important dans le développement de la vie franco-ontarienne. Je dois aussi souligner la présence de Mme Rita Lacroix, ma tante Rita, qui a également grandement contribué à la cause francophone à Oshawa.»

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Le Dr Ouellet poursuit sa présentation d’un ton convaincu. Ses propos témoignent de sa conscientisation professionnelle face aux besoins urgents d’acquérir de l’équipement de résonance magnétique, de réduire les temps d’attente pour des chirurgies telles que les remplacements de hanche ou de genou, d’établir une assurance-médicaments universelle, de permettre à tous les patients présentement sans médecin de famille d’avoir accès à un professionnel de la santé.

«Notre système de santé est dans un état inacceptable, nous devons sortir du cruel cercle vicieux dans lequel nous sommes enlisés», dit le Dr Ouellet.

«Saviez-vous, dit-il, que le Canada est classé au 30e rang, le moins performant, parmi les pays habilités à offrir un système de santé viable? Le Canada figure parmi les pays où les dossiers électroniques sont les moins utilisés.»

Le Dr Ouellet donne quelques exemples relatifs à la gestion du système de santé dans d’autres pays. «Le temps d’attente en France pour une chirurgie de remplacement d’une hanche est de deux semaines. Au Danemark, on couvre les frais privés dans les cas où l’attente pour une chirurgie s’avère trop longue. En Angleterre, pas plus de 18 semaines s’écoulent entre l’obtention d’un diagnostique et l’intervention médicale requise.»

«À titre de président de l’AMC, j’invite nos 68 000 membres à se mobiliser pour les patients sans médecin, et pour les médecins eux-mêmes.»

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Le Dr Ouellet affirme «je veux passer à l’action. Il faut vaincre la résistance, aller au delà des préjugés. Notre système de santé requiert urgemment un traitement agressif nécessaire. Il est temps de nous secouer de notre torpeur.»

«Il s’agit de changer la philosophie rattachée à la gestion de notre système de santé, d’envisager un nouveau mode de financement des actes médicaux centré sur les besoins du principal bénéficiaire: le patient», dit-il.

Le Dr Ouellet ajoute «je mentionne enfin le mot «privé», mot tabou. Mais par cela, je ne veux pas dire privatiser le système.»

Il poursuit «le privé peut servir à assurer la viabilité réussie de notre système actuel à long terme. Il peut y jouer un rôle d’appui à titre d’outil complémentaire. Il peut respecter l’universalité des soins et ce, à travers un mode spécifique de gestion établi par le gouvernement. Le système privé peut aider le système public en tant que soutien. Il peut contribuer à établir un système social plus équitable.»

«Par exemple, dit le Dr Ouellet, la gestion des frais des médicaments est présentement très inégale à travers le pays. L’assurance universelle des médicaments existe seulement au Québec. Nous connaissons également une forte pénurie de médecins, suite aux coupures de l’accès à la Faculté de Médecine au Canada il y a 20 ans. Aujourd’hui cinq millions de Canadiens n’ont pas de médecin…» «Il nous faut viser l’autosuffisance. Alléger les médecins. Former des adjoints qui pourront les assister.» D’autres pays ont réussi à améliorer leur système de santé, pourquoi pas le Canada se demande le Dr Ouellet.

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Il annonce une intiative de l’AMC. «Une équipe ira en mission en Europe pour aller savoir comment les recherches menées par divers pays se traduisent dans la mise en oeuvre de leurs systèmes de santé. Nous voulons apprendre de leurs succès et de leurs erreurs et définir les moyens les plus compatibles à mettre en place dans notre système de santé. Le défi sera l’implantation au retour.» «Je m’adresse à tous les francophones habitués de lutter pour leurs droits», dit le Dr Ouellet en citant l’exemple de l’Hôpital Montfort.

Le Dr Ouellet reconnaît que la question actuelle de l’écononomie est un enjeu préoccupant. «Mais la santé demeure une question tout autant cruciale pour les Canadiens. Jamais nous n’accepterons que des difficultés financières créent des coupures dans notre système de santé.»

Le Dr Ouellet incite les gouvernements à porter une attention immédiate à l’établissement d’une stratégie qui mènera à l’autosuffisance en matière de professionnels de la santé et d’une assurance-médicaments universelle dans tout le pays, à la mise en oeuvre d’un financement axé sur le patient, à la reconnaissance et l’encadrement de la complémentarité du secteur privé en tant que soutien au système public, sans oublier la réduction urgente des listes d’attente.

En 1975 le Dr Ouellet a entrepris sa carrière de médecin spécialisé en radiologie en Mauricie. Il a obtenu son diplôme de médecine à l’Université de Montréal en 1970, et sa spécialisation en Radiologie diagnostique de la même Université et son certificat du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada entre 1971 et 1975. Plus tard, il acquiert une formation additionnelle en échographie, en tomodensitométrie et en résonance magnétique.

En 1978 il devient directeur et fondateur de la Clinique de radiologie des Récollets à Trois-Rivières. En 1984 il s’installe à Montréal. Il est promu chef du département de radiologie de la Cité de la santé de Laval.

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En 1987 il met en place et dirige Tomo-Concorde qui deviendra la première clinique privée de tomographie axiale au Canada afin de répondre au besoin des patients de la région de Laval d’une technologie de pointe en radiologie. À l’époque la Cité de santé de Laval ne pouvait se permettre d’acquérir cet équipement avant quelques années. En 1997, il crée Réso-Concorde, la première clinique privée de résonance magnétique à Laval. Une deuxième clinique Réso-Carrefour a ouvert en 2000. En 2004, le Dr Ouellet devient directeur des cliniques de radiologie diagnostique la Radiologie Concorde à Laval et l’Imagerie Terrebonne à Terrebonne qu’il a amenées à la fine pointe de la technologie. En 2005 à Tahiti, le Dr Ouellet organise et préside une conférence internationale sur la radiologie, l’orthopédie et l’oncologie en collaboration avec l’Université du New Jersey.

Aujourd’hui, le Dr Ouellet, originaire de Longueuil, poursuit son travail de radiologiste et de gestionnaire dans les cinq cliniques qu’il dirige et participe à la prestation de services de radiologie à l’Hôpital LH Lafontaine.

Info: www.cma.ca

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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